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  • Arthur ASHE - La loi d'attraction

    Par Mireille El Hebou Quand Arthur Ashe, le légendaire joueur de tennis américain, était en train de mourir du sida qui s'est propagé par le sang infecté administré lors d'une chirurgie cardiaque en 1983, il a reçu des lettres de ses fans, dont l'un a demandé: "Pourquoi Dieu a-t-il dû vous choisir pour une maladie si horrible ?" Arthur Ashe a répondu: "Il y a plusieurs années, environ 50 millions d'enfants ont commencé à jouer au tennis, et l'un d'eux était moi : 5 millions ont vraiment appris à jouer au tennis, 500,000 sont devenus professionnels, 50 000 sont venus sur le circuit, 5 000 atteint le Grand Chelem, 50 sont arrivés à Wimbledon, 4 ont atteint la demi-finale, 2 ont atteint la finale et à nouveau l'un d'eux était moi. Quand je célébrais la victoire avec la coupe à la main, je n'ai jamais pensé à demander à Dieu "Pourquoi moi ?" Alors maintenant que je souffre, comment puis-je demander à Dieu: "Pourquoi moi ?" Le bonheur vous garde doux !! Les jugements vous maintiennent forts !! Les douleurs vous gardent humains !! L'échec vous garde humbles !! Le succès vous garde brillants !! Mais seulement, la foi vous fait avancer. Parfois, vous n'êtes pas satisfait de votre vie, alors que de nombreuses personnes dans ce monde rêvent de pouvoir vivre votre vie. Un garçon dans une ferme voit un avion voler au-dessus de lui et rêve de voler. Mais le pilote de cet avion survole la ferme et rêve de rentrer chez lui. C'est la vie !! Profitez de la vôtre... Si la richesse était le secret du bonheur, les riches devraient danser dans les rues. Mais seuls les enfants pauvres le font. Si le pouvoir garantit la sécurité, les personnes importantes doivent marcher sans gardes du corps. Mais seuls ceux qui vivent humblement rêvent tranquillement. Si la beauté et la renommée attirent des relations idéales, les célébrités devraient avoir les meilleurs mariages. Ayez confiance en vous ! Vivez humblement. Marchez humblement et aimez de tout votre cœur...!" page Facebook : https://www.facebook.com/mireille.elhelou.50

  • La Loi d'attraction par Lise Bourbeau

    Lise Bourbeau est une écrivaine spécialiste du développement personnel, née le 14 février 1941 à Québec, au Canada. Depuis les années 1980, elle a donné plusieurs milliers de conférences et formations sur le sujet. Dans ce cadre, Lise Bourbeau a également fondé le centre de relation d’aide et de développement personnel Écoute Ton Corps et a publié plusieurs livres dont Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même. Vous avez certainement entendu parler de la loi de cause à effet ou de l’expression Il n’y a pas de hasard dans la vie, mais êtes-vous vraiment conscient au quotidien à quel point cette loi d’attraction peut vous aider à grandir et à régler des problèmes plus rapidement? Une attraction est une force magnétique en vertu de laquelle un corps est attiré par un autre, tout comme deux aimants s'attirent automatiquement. Nous savons aussi que tout ce qui est matière est attiré immanquablement vers le sol. Cette loi ne s’applique pas seulement au plan physique, mais aussi à nos corps émotionnel et mental qui font partie de notre enveloppe matérielle. L'attraction débute dans le monde de l’âme où nous sommes attirés vers les parents et l’environnement dont nous avons besoin pour arriver à compléter les expériences nécessaires au plan de vie que nous avons choisi avant notre naissance. Sur le plan spirituel, la loi d’attraction nous attire vers la lumière, c’est-à-dire vers l’amour, la paix intérieure, tout comme une plante est attirée naturellement vers la lumière du soleil pour s’épanouir. Notre âme veut arriver à retourner à la lumière pour toujours. Aussitôt que nous entretenons des pensées, des croyances et des sentiments qui nous éloignent de l'amour parce que nous laissons notre ego diriger notre vie, notre âme souffre, car elle est attirée par la lumière et nous la tirons dans un autre sens. C’est une bataille intérieure que nous vivons comme un malaise lorsque nous prenons le temps de vérifier ce que nous ressentons. Voilà pourquoi on peut dire qu’il n’y a jamais de hasard dans la vie puisque tout ce qui nous arrive part de l’intérieur de nous et nous attirons à nous ce dont nous avons besoin. Pourquoi est-ce que je m’attire autant de problèmes ?, demanderez-vous. Tout ce qui survient dans votre vie que vous considérez comme négatif, par exemple les gens négatifs ou les situations désagréables, est parfait pour vous aider à devenir conscient de croyances que vous entretenez et qui ne sont pas nécessaires. Elles vous éloignent de votre lumière. Ne trouvez-vous pas que la vie est très intelligente? Vous recevez sans cesse des signes pour attirer votre attention sur ce que vous devriez savoir de vous. Tant et aussi longtemps que vous vous plaignez, que vous criez à l’injustice, que vous croyez que vous n’êtes pas chanceux et que vous ne comprenez pas pourquoi il y a des gens désagréables autour de vous, rien ne changera dans votre vie. Pour savoir ce que vous devez comprendre pour retourner à l’amour véritable, il s'agit de vous demander de quoi vous vous jugez ou vous jugez une autre personne d’ÊTRE. Vous découvrirez ainsi la partie de vous que vous n’acceptez pas. Le but ultime de votre âme est d’arriver à un point où vous vous autorisez à être un humain avec des limites, des faiblesses, des peurs, des croyances. Prenons l’exemple d’un collègue de travail qui vous rend la vie difficile. Prenez le temps de vérifier de quoi vous le jugez. La réponse pourrait être : il est imbu de lui-même, très orgueilleux et irrespectueux. Si vous acceptez le fait que tout part de vous, cela signifie que vous êtes avec vous-même et avec les autres ce dont vous le jugez d'être. Il est fort probable que vous ne puissiez accepter ce fait. Je vous suggère donc de vérifier auprès de ce collègue ou d’autres personnes qui vous connaissent bien à quel moment il ou elles vous ont jugé de l'être. Vous pouvez ainsi apprendre grâce à ce collègue que vous n’acceptez pas l’attitude d’être orgueilleux et irrespectueux. Voilà un moyen extraordinaire pour aider votre âme à retourner à la lumière, à l’amour. Quand vous vous donnerez le droit d’être humain et de parfois être ce que vous ne voulez pas être, vous verrez un grand changement se produire. Quand les gens auront un comportement orgueilleux, vous aurez davantage de compassion. Vous saurez qu'ils ne sont pas méchants, qu'ils ont tout simplement peur de ne pas être aimés. Peu à peu, à force de vous accepter dans toutes les attitudes autant positives que négatives, vous ne vivrez plus de malaises et d’émotions parce que vous saurez que nous avons tous le droit d’être humains. Nous sommes tous sur cette planète pour accepter autant les parties négatives que positives en nous et pour arriver à s’aimer, s’accepter en tant qu’humains. Lorsque nous recherchons la perfection en pensant que nous devons toujours manifester seulement l’aspect positif d’une attitude, cela demande beaucoup de contrôle et indique un manque d’amour de soi. C’est le signe que notre ego décide de notre vie avec sa notion de bien et mal. Soyez donc davantage conscient de la loi d’attraction. Elle est tout aussi active pour les bonnes choses que vous attirez dans votre vie, par exemple des cadeaux, des compliments… Cela part aussi de vous. Ne laissez pas votre ego décider que vous ne les méritez pas. TOUT CE QUE NOUS ATTIRONS EST TOUJOURS UNE INDICATION DE JUSTICE DIVINE. Avec amour, Lise Bourbeau

  • L'assertivité ou l'affirmation de soi dans le respect d'autrui

    Que ce soit dans le monde professionnel ou dans la vie personnelle, il est utile de mieux comprendre : ce qui fonde une véritable affirmation de soi, ce qui fonde plus de mieux être, de confort et d'efficacité, plutôt que trop de stress, de pertes de temps ou de conflits. Assertivité – définition : Le mot vient du mot anglais ASSERTIVENESS. Initié par Andrew SALTER psychologue New-Yorkais dans la moitié du siècle dernier. Développé plus récemment par Joseph Wolpe, psychiatre et professeur de médecine américain comme "Expression libre de toutes émotions vis à vis d'un tiers à l'exception de l'anxiété" L'assertivité est définie comme une attitude dans laquelle on est capable de s'affirmer tout en respectant autrui. Il s’agit de se respecter soi-même en s'exprimant directement, sans détour, mais avec considération. Cela conduit à diminuer le stress personnel, à ne pas en induire chez autrui et à augmenter l'efficacité dans la plupart des situations d'entretien. Cette attitude est particulièrement importante dans toutes les situations de la vie, mais elle l'est particulièrement dans toutes les situations d'entretiens professionnels et notamment dans le management (domaine où elle est trop souvent ignorée) Nous trouvons quatre attitudes pour définir un grand nombre de comportements humains : 1 - La fuite, qui se rapporte au cerveau reptilien soit l’instinct 2 - L'agressivité, une autre forme de « reflexe » du cerveau reptilien soit l’instinct 3 - La manipulation, directement lié au cerveau émotionnel Ces trois premières attitudes sont beaucoup moins performantes que l'assertivité. Elles ont tendance à s'exprimer de façon réflexe dans les situations difficiles. Elles sont génératrices de tensions, de défenses, d'incompréhension et de perte de temps. 4 - L'assertivité Cette attitude, elle, au contraire, définit parfaitement une grande qualité de la communication dans laquelle on se respecte soi-même autant que l'on respecte autrui. Elle s'exprime de façon sensible et réfléchie. Elle permet des actions adaptées avec les situations. Ceci est important dans toutes les circonstances de l'existence, personnelles et professionnelles. Cette réponse fait appel au cortex soit le cérébral. Le leurre de la maîtrise de soi Se maîtriser est à la mode. Pour beaucoup de monde, avoir un pouvoir sur soi semble une situation enviable. Cela permettrait à chacun de se délivrer de tous ces défauts qui entravent la réussite ! Libre de l’émotionnel, libre des peurs, des phobies, des inhibitions etc… Mais l’idée de "maîtrise de soi" part sur de mauvaises bases. Nous avons appris à ne pas nous fier à ceux qui prônent des idées de pouvoir sur l’autre. Nous avons hélas moins de discernement vis à vis de ceux qui prônent des idées de pouvoir sur soi. Rechercher le pouvoir sur autrui est suspect, rechercher le pouvoir sur soi (maîtrise de soi) l’est tout autant. Même sur soi, le pouvoir est une démarche maladroite, voir néfaste. Le pouvoir sur soi conduit à une négation de soi. Ce soi qu’on n’aime pas, le remplacer par autre chose revient à une amputation de soi… qui ne peut conduire à une authentique assurance. L’assertivité est fondée sur l’affirmation de soi et non sur la maîtrise de soi. L’affirmation de soi n’est en aucun cas un pouvoir sur soi. L’affirmation de soi, c’est l’accueil de soi... L’accueil de soi, c’est l’accueil de celui que l’on est, de tous ceux qu’on a été depuis qu’on existe et de tous ceux dont on est issus. L’affirmation de soi c’est donc aussi un respect de soi où il y a aussi respect d’autrui. Une démarche un peu inhabituelle qui mérite quelques explications afin d’en cerner les nuances et les avantages. Le non-verbal : certificat d’authenticité Lorsque nous échangeons des propos, l’information qui passe de nous à l’autre et de l’autre à nous est constituée de verbal (mots - sémantique) et de non-verbal (attitudes, gestuelles, intonations de la voix). Ce qui est étonnant c’est la plus grande partie de l’information échangée est surtout non-verbale. Il paraît même que ce non-verbal représente au moins 90% de l’information. Si l’on peut apprendre à formuler de meilleures phrases, il est beaucoup moins aisé de modifier son non-verbal. En effet ce non verbal est manifesté par la moindre fluctuation de notre intonation, de notre respiration, par le moindre rictus ou la plus infime modification de notre regard. C’est même la moindre modification de notre rythme cardiaque, de la couleur de notre peau, du diamètre de nos pupilles, de nos odeurs corporelles etc… Nous atteignons là la limite d’un réel pouvoir sur soi, car le non verbal est plus généré par ce que l'on pense vraiment que par la volonté. Ce non verbal signe donc l’authenticité de nos propos. Quand verbal et non verbal sont en harmonie, on dira qu’il y a congruence. Quand il n'y a pas vraiment congruence, même si l’interlocuteur s’y laisse prendre, la situation ne lui laissera qu’un parfum de manipulation. Il se sentira alors rempli de doute, d’incertitude, voir d’amertume. Si une telle attitude peut fonctionner avec des gens qu’on ne reverra plus, il faut savoir qu’elle demande néanmoins une dépense d’énergie importante et qu’elle laisse une image déplorable. Chez les personnes que l’on revoit régulièrement, une telle attitude va même profondément nuire à la motivation, à la confiance, à l’implication de chacun, à la qualité de la communication… et quand il s’agit du monde professionnel, la qualité du travail s’en trouvera fortement affectée malgré une dépense d’énergie démesurée. Nos avons là une des principales sources de stress. Tout cadre, directeur ou responsable des ressources humaines se doit de bien connaître ce phénomène. Le non verbal signe donc la qualité de nos échanges. Il est directement lié à ce qu’on pense et à ce qu’on ressent et ne peut totalement être feint. Il est lié à la qualité de la communication qu’on a avec autrui et avec soi-même. S’il est habituel aujourd’hui de parler de communication, il est plus rare de savoir préciser de quoi il s’agit vraiment. Quant à parler de communication avec soi-même, cela peut même sembler saugrenu ! Heureusement, nous commençons à nous rendre compte que nous avons trop souvent confondu "communication" avec "pouvoir" et "manipulation". En finir avec la fausse communication Il est de bon ton de parler de communication. Utilisé pour tout et pour rien, ce mot devient commun au point de s’être un peu vidé de sa substance. Pour qu’un échange entre deux personnes mérite le label "communication", il doit pourtant répondre à certains critères très précis. L’assertivité, mot beaucoup moins galvaudé, définit parfaitement un état dans lequel on est communicant. Pour comprendre ce que signifie "être communicant", nous devons différencier la communication et la relation émotionnelle. Être communicant, c’est d’abord être ouvert, alors qu’être relationnel, c’est être relié (attaché, dépendant). Ce sont deux attitudes fondamentalement différentes. La relation émotionnelle est fréquente, puisque c’est le minimum incontournable de tout échange, volontaire ou non. La communication, elle, est plus rare car elle suppose une conscience et une humanisation des échanges, qui malheureusement n’a rien de spontané. Être communicant, c’est sortir des réflexes (quasi animaux) pour entrer dans une dimension humanisée. Quand nous utilisons notre intellect de la même manière qu’un animal utilise ses griffes et ses crocs (pour se défendre ou pour attraper une proie), il y a juste changement d’outil : l’attitude, elle, reste animale. Il y a réel passage d’un comportement animal à un comportement humain quand on passe de la relation à la communication. Le tableau ci-dessous reprend quelques critères dans un listage comparatif entre la communication et la relation. Dans les deux cas l’information va bien d’un point à un autre, mais elle ne circule de la même façon et ne produit pas le même effet. On ne peut pas parler d'assertivité si on n'a pas clairement différencié la relation de la communication. On notera que quand on dit "J'ai des relations", on parle plus des gens dont on peut se servir, que de ceux vis à vis desquels on a une ouverture d'esprit. Différencier le "quelqu’un", du "quelque chose" Plus le quelque chose est important (information, projet), et plus on souhaite atteindre son objectif, plus il est nécessaire, pour y parvenir, de considérer le quelqu’un plus que le quelque chose : c’est à dire avoir plus de considération pour l’individu (l’autre et soi-même) que pour le propos (ce que l’on échange). Cela peut sembler paradoxal de lâcher un peu quelque chose pour mieux l’obtenir… mais il en est ainsi. Respect d’autrui Le respect d’autrui ne peut être que naturel. S’il est forcé, il n’y a pas respect de l’autre mais manipulation (même avec de bonnes intentions). Rappelons-nous que, dans le meilleur des cas, le non-verbal ne se contrôle que partiellement. De plus, dans un tel contrôle, on ne se respecterait pas soi-même non plus car alors, on y refoulerait son ressenti. Pour mieux respecter l’autre, plutôt que de tenter de se forcer, mieux vaut augmenter sa sensibilité à la réalité. Le non-verbal s’ajustera automatiquement. Nous sommes d’autant plus touchés par les circonstances que nous ne percevons pas la réalité de ce qui se passe. Le mot respect d’ailleurs vient du latin re-spectus qui veut dire "regarder en arrière, porter attention, regarder avec égards". Au premier regard, souvent, nous sommes surtout "scotchés" à l’apparence immédiate du propos. Au deuxième regard, nous pouvons tenter de nous ouvrir à l’individu et à ce qui motive son attitude ou son discours (qui se trouve souvent hors de la circonstance présente). Alors qu’au premier passage, l’intérêt que nous portons au "quelque chose" (le discours) nous égare et nous porte à réagir, au deuxième passage l’attention que nous portons au "quelqu’un" (l’interlocuteur) nous sensibilise à sa raison. Avec un peu de sensibilité, nous découvrons alors que sa raison (la raison, le fondement, l’origine de son propos) est tout autre que ce que nous croyions. C'est ce qui s'appelle "voir en 4 dimensions": les trois de l'espace et celle du temps. En effet un individu n'est pas seulement ce qu'il nous montre, il est aussi tout ce qu'il a vécu et tout ce qu'il a été auparavant. Ce que nous considérions trop souvent comme une attaque personnelle n’est en fait qu’une tentative (consciente ou inconsciente) de l’autre pour exprimer ce qu’il ressent. Par exemple quand quelqu’un vous agresse ou vous fait un reproche, il ne fait que vous parler de ses craintes ou de son inconfort. En lui donnant l’opportunité de les préciser et d’être entendu, vous pouvez désamorcer les bombes relationnelles. Le secret, pour un authentique respect d’autrui, est de comprendre que l’autre à une raison et de l’aider à l’exprimer. Cependant cela ne doit pas s’opérer au détriment du respect de soi (par soi). Respect de soi-même Autant il est important de respecter autrui, autant il est important de se respecter soi-même. L’assertivité décrit une attitude où les deux sont présents sans que l’un le soit au détriment de l’autre. Se respecter (re- spectus) c’est aussi se regarder en 4 D. Au premier regard nous ne voyons que l’apparence de notre comportement immédiat ou de notre réaction, au deuxième regard, nous cernons mieux, dans le temps, le fondement, la raison, l'origine de celui-ci. Alors, plutôt que de le maîtriser ou de le refouler, nous pouvons mieux l’entendre et l’apaiser. Ce respect de soi n’est ni plus ni moins qu’une meilleure capacité à communiquer avec soi-même. Il ne s’agit pas là d’un monologue pour malade mental, mais au contraire d’une rencontre avec ce qu’il y a de précieux en soi et d’une validation authentique de ces richesses. Cela permet d'assurer ses bases dans une réelle affirmation de soi Par exemple, quand quelqu’un nous demande quelque chose que nous ne souhaitons pas lui donner : par exemple de lui prêter un de nos livres… alors que nous ne le souhaitons pas, car nous en avons besoin. Le respecter peut sembler être de le satisfaire à notre détriment. Mais dans ce cas on ne se respecte pas soi-même. Si au contraire on lui oppose un refus sans l’écouter, c’est lui qu’on ne respecte pas. Le problème, dans un premier temps, n’est pas de savoir ce qu’on va décider, mais de l’écouter lui et de s’écouter soi, dans un esprit réellement communicant. Par exemple nous pouvons l’aider à exprimer ce qui motive sa demande et le valider. Il nous explique alors qu'il voudrait que nous lui prêtions notre livre car ça lui ferait plaisir de pouvoir le commencer rapidement, et aussi qu'il n’a pas trop le courage d’aller l’acheter. Il nous expliquera d'autant mieux cela sans détour que nous serons capable de l'entendre sans réagir négativement. Nous devons pouvoir valider ses raisons et lui manifester que, compte tenu de cela, nous comprenons que ce serait mieux pour lui que nous le lui prêtions. Mais aussitôt, si cela reste pertinent compte tenu de ses raisons, nous lui affirmons que de notre côté, cela nous pose un problème car nous avons besoin de cet ouvrage. Nous sommes désolés de ne pouvoir lui donner la commodité qu’il sollicite. Autant il est important d’être généreux, autant il faut savoir se respecter soi-même. Sinon, on court le risque de se retrouver rapidement exsangue. C'est l'aptitude à dire non tout en restant ouvert à l'autre, c'est à dire tout en restant communicant. Trop souvent, comme nous n'osons pas dire non, nous préférons intuitivement reprocher à l'autre de nous avoir fait une telle demande. Pour la délicatesse, c'est loupé car alors, même si nous ne sommes plus le méchant qui dit non, c'est seulement l'autre qui est stupide d'avoir posé sa demande ! Naturellement, c'est pire. D’un autre côté, ce respect de soi-même ne doit pas motiver de ne rien accorder à autrui. on deviendrait alors un monstre d’égoïsme sous le couvert d’un faux respect de soi qui n’est qu’un protectionnisme nous faisant manquer la vie. Pour trouver un équilibre convenable, il est souhaitable d'être capable de s'ouvrir avant d'expliquer quoi que ce soit, puis ensuite d'oser dire ce qu'on a à dire. Nous allons examiner ces deux éléments d'un échange dans l'assertivité. S’ouvrir avant d’expliquer Quand vous souhaitez sortir d'une pièce, vous respectez intuitivement un excellent protocole qui consiste d'abord à ouvrir la porte et ensuite à sortir. Il ne vous viendrait pas à l'idée de faire l'inverse, d'essayer de sortir avant d'ouvrir la porte. Quand nous sommes communicants, nous respectons aussi ce protocole : d'abord j'ouvre mon esprit, ensuite je peux faire sortir des informations de moi vers l'autre. Dans le mode relationnel, la tendance est d'essayer de forcer l'autre à s'ouvrir à nous sans, nous, nous être ouvert à lui. Nous nous plaindrons ensuite de son manque d'ouverture car il aura tendance à ne pas nous entendre. Oser entendre Nous trouvons cela fréquemment dans les services d'accueil où, quand on ne peut satisfaire la demande d'un client, on lui explique directement cette impossibilité, sans entendre le problème que ça lui pose. Pareillement, dans les services de soin quand un patient refuse un traitement, une toilette, sa nourriture... etc.… on lui explique ce qu'il doit faire sans entendre sa raison. Une des bases fondamentales de la communication et de l'assertivité est de ne pas avoir peur de s'ouvrir à ce que l'autre a à dire, car quoi qu'il dise nous savons qu'il a une raison et nous n'avons pas peur de l'entendre. Nous cessons alors de nous comporter comme un animal menacé par un prédateur, les oreilles aux aguets, prêt à mordre au moindre danger... voir même sans qu'il y ait danger, comme ces chiens qui aboient dès qu'on passe près de la barrière de leur maison. L'assertivité, c'est humaniser ses comportements et se détendre un peu... tout en permettant ainsi à son entourage de se détendre aussi... car notre entourage également réagit trop souvent comme s'il était menacé. Le moins qu'on puisse dire est que nous ne sommes pas entourés par un environnement communicant. Raison de plus pour adopter un comportement plus performant qui apaisera les situations et désamorcera les mines posées ça et là dans les conversations. Cependant, cela ne doit jamais nous empêcher d'exprimer ce que nous avons à dire sans détour, car le respect d'autrui ne doit pas s'exercer au détriment du respect qu'on s'accorde à soi-même. D'ailleurs, l'efficacité de notre façon de gérer les situations qui se présentent en dépend. L'assertivité n'est surtout pas une attitude dans laquelle on accepte tout sans rien dire. Celui qui fait tout pour les autres mais ne veut rien pour lui, celui qui accepte tout sans jamais rien dire, n'est pas dans l'assertivité mais dans la négation de soi. Dans la négation de soi, même si on est généreux, on reste absent et inefficace. L'autre se plaindra de notre inexistence et les situations seront tendues et embrouillées. Donc s'affirmer et oser dire est très important pour la qualité des échanges. Oser dire Oser dire est aussi important que de savoir entendre, même si "savoir entendre" doit toujours précéder "oser dire". Même quand il est nécessaire de s'exprimer, sans auparavant permettre à notre interlocuteur de donner le fondement de son attitude ou de son propos, il y aura néanmoins toujours un état d'esprit ouvert, dans lequel on accorde à l'autre qu'il a une raison. Cela modifiera favorablement notre non-verbal et évitera les réactions intempestives de celui à qui on s'adresse. Oser dire est trop rare. Alors, sous prétexte de ménager l'autre, nous n'avons en fait que trop peur de sa réaction, ou trop honte de nous affirmer. C'est plus cette peur qu'un souci de délicatesse qui nous anime quand nous n'osons pas dire. Alors, par cette pseudo délicatesse, nous taisons ce que nous aurions souhaité exprimer... puis nous adoptons involontairement une attitude frustrée ou un peu coléreuse. Ce reproche non-verbal conduira l'autre à réagir. Lui même n'osant pas dire, les échanges vont devenir complexes, tendus et stressants. Dans le meilleur des cas ils seront stériles, dans le pire des cas ils seront destructeurs. Oser dire peut paraître simple, mais en fait il nous arrive souvent lors d'un mécontentement, de nous taire avec une personne, puis de ruminer... pour ensuite nous plaindre à une autre de ce qui vient de se passer. Les ragots, les cancans et le "radio couloir" sont généreusement alimentés par ce genre de verbiage qui n'est plus une expression de soi mais seulement une situation dans laquelle on tente de se soulager... j'oserai même dire "se soulager comme si on allait aux toilettes" pour y déverser ce qu'on n'a pas digéré. Prenant ainsi notre interlocuteur pour un déversoir (et je choisis là un terme pudique) nous ne faisons que l'encombrer, pour ne pas dire le souiller, et générons ainsi toute une succession de tensions... car suite à l'échange avec nous, ce dernier fera pareil avec un autre. Oser dire c'est, sans attendre, exprimer ce qu'on ressent, ce qui nous semble important, ou ce qui doit être dit - Si par exemple quelqu'un nous dit "Tu viens au cinéma voir ce film ?", alors que ce film ne nous intéresse pas, nous lui dirons simplement "Tu sais, ça ne me dit pas trop" plutôt que de lui lancer d'un air faussement délicat "Tu es sûr que ce film vaut le coup ?" (Comme si nous voulions lui éviter un mauvais spectacle). - Si nous sommes avec quelqu'un en voiture, et qu'il se gare sans fermer sa portière alors que nous avons notre sac dans son coffre. Nous lui dirons simplement "Je serai plus tranquille si tu fermes tes portières" plutôt que de jouer le donneur de conseils, faussement délicat, du genre "Tu es sûr que c'est prudent de ne pas fermer ta voiture ?". - Dans le travail, si un collaborateur passe trop de temps à la pose café, nous lui dirons simplement "Tu sais, ton absence prolongée pose des problèmes", plutôt que de sous-entendre d'un air faussement humoristique "Alors ! il était bon le café?" - Dans un hôpital, une infirmière s'approchant d'un patient à qui elle doit faire une piqûre lui dit simplement "Je vais vous faire votre piqûre" et non une phrase du genre "On va faire une petite piqûre" - Face à un patient lui demandant "Dites moi ce que j'ai", un médecin annoncera directement le diagnostic plutôt que d'utiliser des paraphrases, des mots techniques incompréhensibles ou pire encore, des mots inadaptés du genre "grosseur" ou "kyste" pour "cancer". Nous trouvons souvent cela dans l'annonce de pathologies graves où le médecin argumente son attitude en disant qu'il faut protéger le malade. En vérité, c'est surtout le médecin qui se protège lui-même de la réaction du patient, car il ne saurait pas quoi en faire. D'autres, croyant avoir compris cela, annoncent au contraire le diagnostic brutalement et sans aucun accompagnement. Je pense par exemple à cette patiente accidentée, dont le médecin se met à distance au pied du lit, et lui annonce "Eh bien mon petit, pour vos jambes, c'est foutu !" pour lui dire qu'elle est dorénavant paraplégique... puis il s'en va. C'est évidemment abominable ! Dire directement c'est bien, mais encore faut-il le faire avec humanité et ne pas s'esquiver au moment où il faut gérer le retour de ce qu'on vient de dire. En aucun cas, être dans l'assertivité ne doit signifier "lancer dans la figure de l'autre ce qu'on a à lui dire" et ensuite "qu'il se débrouille !". Dire et surtout "gérer le retour" Dans l'assertivité, on ose dire, mais aussi on sait rester présent pour entendre et pour gérer (si nécessaire) le retour que l'autre nous adresse. Là encore, nous n'avons pas peur de ce retour car nous savons que l'autre a sa raison et nous n'avons pas peur de l'entendre. L'affirmation de soi dans laquelle nous sommes ne nous fait pas craindre de nous y ouvrir. Nous le ferons d'autant mieux que nous ne nous mettrons pas à sa place Cependant, nous serons prêts à entendre ce qu'il vit, pense ou ressent à la place où il se trouve. Cette ouverture est beaucoup plus efficace et tranquille que tout l'imaginaire que nous pouvons mettre en jeu. Quand nous nous mettons à la place de l'autre, nous cessons aussitôt de le comprendre pour n'avoir plus accès qu'à notre imaginaire. Dans les exemples du paragraphe précédent : - Si pour le cinéma, notre ami nous dit en retour qu'il aurait aimé aller voir ce film avec nous, nous pourrons l'aider à exprimer ce qui, pour lui, motive ce souhait. Nous devons savoir faire cela, même si nous savons que nous n'irons pas. Ce n'est pas parce qu'on ne peut accorder quelque chose, qu'il ne faut pas permettre à l'autre d'en avoir le désir. - Si pour la voiture restée ouverte l'ami nous dit "oui, mais en la fermant, je crains que pour l'ouvrir, un voleur ne brise la vitre et que ce soit pire". Nous saurons valider cela et trouverons une autre solution, à moins que ce ne soit lui. De toute façon nous saurons respecter sa crainte sans pour autant nier la notre. - Si pour la pause café le collaborateur nous retourne "Oui, mais si je ne m'arrête pas quelques minutes de temps en temps, je pète un câble ! J'en ai marre de ce boulot !" certes il a la réaction que nous aurions aimé éviter. "Ne rien dire" ne pouvait convenir, "dire" risquait d'engendrer cela ! Mais justement nous ne devrions pas craindre une telle réaction. Elle est seulement l'opportunité de mettre à plat une situation tendue et refoulée chez le collaborateur. Ce dernier doit certainement ruminer et refouler depuis un moment et se sentir enfin compris ne peut que l'apaiser (même si on ne peut changer sa situation). - Pour l'infirmière qui fait la piqûre, si le patient rétorque "J'ai peur des piqûres", l'infirmière ne sera pas gênée pour lui demander "Qu'est ce qui vous fait peur dans les piqûres ?". Le non verbal sera correct si l'infirmière accorde au patient qu'il a une raison d'avoir peur. Ce dernier se sentira d'autant plus rassuré que sa raison sera entendue et validée (même s'il doit quand même subir la piqûre). Il ne sera pas du tout rassuré si celle-ci dit "Mais non. Ne vous inquiétez pas, ça va aller vite. Vous ne sentirez rien!" Même si l'infirmière dit vrai, elle vient de nier l'autre et de le mettre en situation d'inexistence. Cela sera néfaste pour la suite des soins. - Pour le médecin devant annoncer une pathologie lourde, s'il voit face à lui son patient s'effondrer sans rien dire ou au contraire exploser en larme, il saura l'aider à préciser son ressenti, ses peurs, ses angoisses, son effondrement. Cela suppose que le médecin est capable de l'accompagner. S'il ne l'est pas (car ce n'est pas ce métier qu'il a appris) il peut faire appel à la collaboration d'un psy à qui il délèguera la suite. Donc, ce qui est important, c'est d'oser dire, mais tout en étant capable d'accueillir le retour que l'autre nous adresse et de l’accompagner si nécessaire. Cela peut sembler prendre du temps... et on n'a pas que ça à faire ! Certes, si on a l'impression que ça prend du temps, je comprends une telle réticence ! Mais en réalité, ne pas faire ainsi prend beaucoup plus de temps. A force de ne pas dire vraiment, de nier ce que l'autre exprime (même pour le rassurer), de ne pas entendre... nous ne faisons que fonctionner tous sur notre imaginaire sans entendre personne. Cela génère de multiples malentendus, du stress et d'innombrables fuites d'énergie. Des échanges sans gaspillage d’énergie Faire semblant consomme beaucoup d'énergie. Cela nous épuise. Nous allons rapidement nous en plaindre. Ce mécanisme étant contagieux, il va s'étendre à notre environnement. Tout cela engendre la fuite d'une phénoménale quantité d'énergie et un grand gaspillage de temps. Nous avons là une importante source du stress quotidien. Il suffit, dans un environnement, qu'une seule personne soit dans l'assertivité pour qu'une régulation s'opère. C'est justement parce que dans notre entourage les gens ne sont pas ainsi qu'il est urgent que nous le soyons le plus possible. Peu importe notre imperfection, car chaque fois que nous nous y parvenons, c'est un peu de mieux être et d'efficacité gagnée. Attention de ne jamais pour autant prétendre en savoir plus que les autres. Se prétendre proche de la perfection ne fait que développer un mépris pour autrui et produira à coup sûr l'inverse de l'effet attendu. Soyons simples, y compris avec nos défauts, et assumons-nous. C'est ce qui fait notre richesse, c'est ce qui fait que nous existons vraiment. Je vous renvoie pour cela au début de cet article dans le paragraphe "Le leurre de la maîtrise de soi" Impact professionnel Dans les services d'accueil, nous aurons un accueil de qualité. Cette qualité donnera une image valorisée de la structure professionnelle où travaille l'agent. Dans le management, nous trouverons des cadres et des directeurs efficaces qui s'occupent plus de ressources humaines que de matériaux humains. Leurs équipes seront plus motivées. Les informations échangées seront plus franches et plus claires. Les entretiens individuels gagneront en performance. Ils seront mieux orientés vers le partenariat et vers une critique constructive de ce qui est produit. Les échanges inter-service seront de meilleure qualité. Une conscience plus systémique diminuera les conflits, les réactions et permettra une meilleure conscience du rôle de chacun. Les réunions seront de véritables réunions, loin de la démotivante réunionite. Chacun y sentira sa place utile et identifiera clairement le résultat auquel chacun aura contribué. Dans le sanitaire et social nous aurons des informations et une écoute de qualité qui sera sécurisante pour les patients et beaucoup moins fatigante pour les soignants ou les travailleurs sociaux. Tout l'ensemble du monde professionnel y gagne, y compris le secteur commercial où l'on confond souvent, à tort, communication et manipulation. Cette tendance à la manipulation transforme hélas le côté noble du commercial en vil mercantilisme et nuit à l'image de la profession. Impact personnel Notre vie extra professionnelle en recueille également de nombreux bénéfices. S'il est important de mettre plus de vie dans son travail, cela l'est tout autant, sinon plus, dans son quotidien personnel ou familial. Que de personnes en souffrance conjugale, que de parents en souffrance avec leurs enfants, que d'enfants ne sachant comment se positionner avec leurs parents (que ces enfants soient petits... ou adultes). Nombreuses sont les situations de la vie qui sont concernées par l'assertivité. Le couple y trouvera un mieux vivre où cessera le gaspillage de ce qui a fait la dimension de leur rencontre. Les parents, enfin libre de la culpabilité que malencontreusement la psychologie a trop souvent fait peser sur eux, pourront mieux accompagner leurs enfants tout en vivant leur vie d'homme ou de femme. Les enfants comprendront mieux l'homme et la femme que sont leurs parents. Ils développeront plus de responsabilité, d’affirmation de soi et de conscience d'autrui et se positionneront mieux dans l'évolution de leur vie. Nombreux sont aussi les bénéfices dans la vie sociale, que ce soit avec ses amis, avec ses voisins, dans les commerces, dans les loisirs etc.… etc... Pour conclure Être dans l'assertivité, c'est être capable d'une véritable communication, tant avec les autres qu'avec soi-même. C'est avoir parfaitement différencié la relation de la communication. Être dans l'assertivité, c'est enfin associer deux qualités qui semblaient autrefois contradictoires: affirmation de soi et respect d'autrui. Après avoir longtemps prôné l'une au détriment de l'autre, c'est enfin les réunir dans ce qui fonde une réelle efficacité et un réel confort de vie pour nous-même comme pour autrui. Même si l'assertivité semble délicate à réaliser, elle est tout à fait accessible. Le but n'est pas la perfection, mais plus modestement une progression. Et de progrès en progrès ce que nous vivons se trouve de plus en plus amélioré, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle. Outre les lectures proposées sur ce site, je ne saurais trop vous recommander de rester en recherche de tout ce qui vous proposera un cheminement où l'autre et soi-même sont respectés. Que ce soit sur le net ou dans de multiples ouvrages, ou dans des formations, rappelons-nous que nul ne peut prétendre avoir l'exclusivité du respect d'autrui dans l'affirmation de soi, pas plus qu'on ne peut avoir l'exclusivité de l'humain. Pour cela il est important de rester libre de toute école de pensée et de se rapprocher de la vie sans jamais ne s'enfermer en rien tout en restant ouvert à tout.

  • Notre corps pense aussi

    Notre corps pense aussi 10 MIN NEW SCIENTIST (LONDRES) Courrier International le 15/08/2020 Les signaux électriques de notre corps – émis par nos organes et pas seulement notre cerveau – influencent notre perception du monde, nos décisions et même la conscience que nous avons de nous-même. Certaines parties d’Ann Arbor [une ville du Michigan, aux États-Unis] rappellent The Truman Show avec leurs maisons de bois et leurs clôtures blanches. Site de l’université du Michigan, la ville respire la prospérité et la sécurité bourgeoises. Sarah Garfinkel a donc été stupéfaite, quand elle y faisait des recherches il y a dix ans, de constater que les jeunes soldats qui avaient combattu en Irak et en Afghanistan étaient terrifiés. “Ça me fendait le cœur”, confie-t-elle. Et cela a changé le cours de sa carrière. Sarah Garfinkel étudiait alors les circuits cérébraux impliqués dans la peur persistante. En travaillant avec ces anciens combattants traumatisés, elle a découvert deux choses. Premièrement, un environnement sûr ne les aidait pas à avoir moins peur. Deuxièmement, leur peur était autant physique que mentale : leur cœur battait toujours à toute vitesse, ils avaient les pupilles dilatées, les mains moites. “J’ai eu le sentiment que ce que faisait leur corps avait un sens mais je ne faisais qu’observer leur cerveau”, raconte-t-elle. Elle s’est donc penchée sur le lien entre le corps et l’esprit. Sarah Garfinkel, qui enseigne désormais à l’université du Sussex, au Royaume-Uni, a découvert que le corps a plus d’influence sur l’esprit qu’on pourrait le croire. “Nos pensées, nos sentiments et nos comportements sont en partie définis par les signaux internes qui viennent de notre corps”, explique-t-elle. Cela va toutefois plus loin et débouche, selon elle et ses collègues, sur une conclusion surprenante : le corps contribue à la perception qu’on a de soi-même et constitue un élément essentiel de la conscience. Cela présente des implications pratiques quand il s’agit d’évaluer des personnes qui ne manifestent que peu de signes de conscience. Et peut nous obliger à reconsidérer la limite entre la vie et la mort et nous donner de nouvelles informations sur l’évolution de la conscience. On sait depuis longtemps que nos organes internes possèdent une vie propre. Ils génèrent une activité électrique qui est transmise au cerveau par les neurones. Les signaux émis par le battement de votre cœur, votre respiration, la pulsation lente et régulière de votre estomac et l’état de vos muscles se retrouvent dans l’activité électrique de votre cerveau, lequel régule ces fonctions. En d’autres termes, il existe une boucle neuronale dans laquelle les cellules nerveuses transmettent au cerveau les informations communiquées par les organes et les ordres du cerveau aux organes. Au XXe siècle, les chercheurs en neurosciences ne tenaient en général pas compte du corps. Ils associaient la vie mentale exclusivement au cerveau. L’expérience de pensée du “cerveau dans une cuve” illustrait cette approche : on imagine qu’un cerveau est détaché du corps et placé dans une cuve [où il reçoit des stimulus envoyés par un ordinateur] – il continue à avoir normalement conscience de ce qui se passe. “Le corps, un acteur essentiel de l’esprit” Les choses ont commencé à changer au tournant de ce siècle, quand Antonio Damasio, chercheur en neurosciences de l’université de Californie du Sud, a lancé le domaine de l’embodiment ou “cognition incarnée”. “Je défends l’idée que le corps est un acteur essentiel dans tout ce qui a trait à l’esprit”, explique-t-il. Après avoir été minoritaire pendant des années, il a été rejoint par quelques chercheurs, parmi lesquels Sarah Garfinkel, dans sa quête de l’origine corporelle de notre perception de nous-mêmes. Leur point de départ, c’est l’intéroception, une espèce de sixième sens de ce qui se passe dans notre corps. L’un des moyens de la mesurer, c’est par exemple de demander à quelqu’un de compter les battements de son cœur pendant un temps déterminé et de comparer le résultat avec celui d’un électrocardiogramme (ECG). Cette capacité varie beaucoup d’une personne à une autre. Celles qui perçoivent le battement de leur cœur avec le plus d’exactitude tendent à prendre de meilleures décisions intuitives et perçoivent mieux les émotions des autres [selon une étude parue en 2016 et une autre en 2017]. Que se passe-t-il exactement ? Pour le savoir, les chercheurs avaient besoin de mesurer l’intéroception dans le cerveau. Ils en ont trouvé le moyen avec le potentiel évoqué par les battements du cœur (HEP), c’est-à-dire la réaction du cerveau aux battements du cœur. Il existe beaucoup d’études sur la question car le HEP est relativement facile à mesurer : le rythme cardiaque n’étant pas complètement régulier, il est possible d’isoler le HEP du reste de l’activité du cerveau : il suffit de faire un ECG à un sujet tout en lui faisant passer un scanner cérébral. Le cerveau présente une activité dans le “réseau du mode par défaut”, ces zones qui sont actives même si le sujet ne fait rien consciemment. En 2016, une équipe de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) dirigée par Hyeongdong Park a mesuré le HEP de personnes au cours d’une full-body illusion [une illusion impliquant le corps entier]. Chaque sujet, volontaire, était coiffé d’un casque de réalité virtuelle et regardait une simulation de lui-même se faisant caresser le dos pendant que celui-ci était vraiment caressé. Au bout d’un moment, le sujet déclarait se sentir physiquement proche de l’endroit où se trouvait son soi virtuel et non de l’endroit où il était vraiment assis. Plus le HEP était prononcé, plus l’illusion était forte. C’était selon les chercheurs la première preuve neurophysiologique de l’existence d’un lien entre l’intéroception et la perception de soi qu’a le cerveau. “Le HEP reflète les changements dans la conscience corporelle de soi, par exemple les changements dans l’identification avec le corps virtuel et le déplacement vers le corps virtuel”, précise Olaf Blanke, qui dirige le laboratoire de neurosciences cognitives de l’EPFL. Le libre arbitre, otage de nos états corporels ? Les chercheurs de l’EPFL ont ensuite montré que notre soi corporel est tout sauf passif : il intervient dans toutes les décisions que nous prenons. L’équipe d’Olaf Blanke est partie des travaux du physiologiste américain Benjamin Libet, qui a en 1983 détecté un signal qui se déclenche dans le cerveau juste avant qu’une personne prenne conscience de son intention d’agir. Pour Libet, cela signifiait que le libre arbitre n’existe pas. Les chercheurs de l’EPFL ont découvert que ce même signal est également lié à une action corporelle particulière : la respiration. Nous sommes plus susceptibles d’effectuer un acte volontaire quand nous expirons. C’est pour Olaf Blanke une indication claire que “les actes de libre arbitre sont les otages de toute une série d’états corporels intérieur”. Ces expériences ont conduit Park et Blanke à poser que le cerveau se représente le soi corporel à partir des signaux envoyés par les organes comme des signaux envoyés par le monde extérieur. Cette représentation inclut l’auto-identification et l’autolocalisation, comme dans la full-body illusion. Ils pensent également que le caractère rythmique des signaux envoyés par les organes contribue à créer la continuité du soi dans le temps. “Les battements du cœur ont un caractère cyclique et prévisible, assure Olaf Blanke. Cet élément temporel pourrait jouer un grand rôle dans cette continuité du soi.” Dessin paru dans New Scientist, Londres. De Patrick George Catherine Tallon-Baudry, chercheuse en neurosciences de l’École normale supérieure de Paris, a une autre conception de la contribution du corps à la conscience de soi. Le cerveau est constamment bombardé de signaux émanant de l’intérieur et de l’extérieur du corps et résultant de ses processus cognitifs. Les signaux sont traités par des circuits cérébraux différents. Pour Catherine Tallon-Baudry, les signaux rythmiques émis par les organes imposent au cerveau un cadre de référence unifié, qui nous permet de percevoir toutes ces informations entrantes du point de vue d’un seul “je” subjectif. “Je pense que la conscience est une propriété que le cerveau génère une fois qu’il a intégré les informations émanant de tout l’organisme”, explique-t-elle. Et une série d’expériences étayent son point de vue. La vision augmentée par les battements du cœur En 2014, Catherine Tallon-Baudry et Hyeongdong Park, qui travaillait dans son labo avant de rejoindre celui de Blanke, se sont mis à étudier l’influence du HEP sur notre conscience des choses. Ils ont demandé à des personnes de fixer leur regard sur un point puis de dire si elles voyaient un léger cercle autour. Plus le sujet avait un HEP fort avant qu’on lui montre le cercle, plus il était susceptible de percevoir celui-ci. “Les battements du cœur se comportent comme un élément supplémentaire d’information visuelle”, analyse Catherine Tallon-Baudry. Ils apportent également la “mienneté” intrinsèque du vécu conscient. “Dans la réponse de la personne – ‘J’ai vu quelque chose’ –, il y a cet élément de ‘je’. Il ne faut pas négliger cette part de ‘je’ dans la perception.” Pour Olaf Blanke, cette étude est une magnifique démonstration du seuil de la conscience mais elle ne permet pas nécessairement de conclure que le soi est impliqué. Catherine Tallon-Baudry et son équipe ont donc mis au point une autre expérience pour étudier cette question. Cette fois, ils se sont concentrés sur la distinction entre “je” et “moi.” “’Je’, c’est l’aspect le plus basique du soi – celui qui vient avant la pensée, c’est l’entité unifiée qui pense, explique la chercheuse. Il est fondamentalement différent de la réflexion sur le ‘moi’, qui implique de surveiller différentes fonctions corporelles sans ce sentiment d’unité.” Pour voir si le cerveau traite lui aussi ces deux concepts différemment, l’équipe a demandé à des personnes qui passaient un scanner cérébral de fixer un point et de laisser leur esprit vagabonder. De temps en temps, on leur demandait si elles pensaient au “moi” ou au “je”, qu’on les avait entraînées à reconnaître, à ce moment précis. Le HEP se produisait dans une région différente du cerveau selon la réponse : près de l’avant quand le sujet pensait au “moi”, plus en arrière quand il pensait au “je”. Ce qui montrait pour la première fois que le cerveau fait effectivement la différence entre ces deux concepts. Quand le cerveau écoute le cœur Dans des travaux non encore publiés, l’équipe de Catherine Tallon-Baudry a également montré que le corps contribue parfois à nos préférences personnelles, qui nous définissent à plus d’un égard aux yeux des autres. Des sujets volontaires ont regardé 200 affiches de films célèbres et noté ceux qu’ils avaient vus. Le lendemain, on leur a montré des paires d’affiches des films qu’ils avaient notés et demandé d’indiquer celui qu’ils avaient préférés pendant qu’on mesurait leur HEP. Comme d’habitude dans ce genre d’expérience, les réponses n’étaient pas complètement cohérentes. Cependant, les personnes ayant le HEP le plus élevé au moment du choix ont donné des réponses qui étaient plus en phase avec la note qu’elles avaient donnée au début. Le choix du sujet était plus fidèle à lui-même quand son cerveau écoutait davantage son cœur. Le soi corporel d’Olaf Blanke et la conscience corporelle de Catherine Tallon-Baudry ne sont peut-être pas si éloignés. Les deux chercheurs peuvent espérer trouver un modèle primordial du “soi incarné” qui concilie leurs conclusions. Mais où s’inscrivent les recherches de Sarah Garfinkel là-dedans ? Celle-ci explore deux idées liées : les signaux corporels influent sur nos émotions et les émotions définissent notre perception du soi par la mémoire et l’apprentissage. Après avoir travaillé avec des personnes souffrant de troubles autistiques, elle a conclu que leur difficulté à communiquer avec les autres vient de ce que leur cerveau est dépassé par les informations viscérales associées à leurs émotions et à celles des autres. Prenant pour piste une hyperactivité de l’axe corps-cerveau, elle planche maintenant sur ce qui hantait ces anciens combattants traumatisés : la peur. Pour son étude la plus récente, Sarah Garfinkel a adapté un paradigme classique de la psychologie appelé “conditionnement à la peur”. Les sujets, volontaires, ont appris à associer des stimulus neutres à des conséquences négatives, puis la chercheuse a mesuré leur rythme cardiaque et la conductivité électrique de leur peau, qui augmente quand on a peur. Les sujets se sont montrés plus effrayés quand on leur présentait les stimulus pendant que leur cœur se contractait que pendant qu’il se détendait. La phase du rythme cardiaque affectait également la facilité avec laquelle ces réactions de peur étaient provoquées par la suite. “Ces signaux du cœur peuvent vraiment provoquer et annuler les réactions de peur conditionnée”, insiste-t-elle. La conscience, “un concept fumeux” Sarah Garfinkel n’aime pas parler de conscience parce qu’elle pense que c’est un concept fumeux – “La conscience agit à tellement de niveaux” –, mais elle pense vraiment travailler sur les mêmes énigmes que Blanke et Tallon-Baudry. Pour Damasio, ces trois approches sont conciliables si on envisage les choses du point de vue de l’évolution. Il y a quatre milliards d’années, les premiers organismes primitifs surveillaient les changements survenant dans leur corps – l’équivalent de la faim, la soif, la douleur, etc. – et disposaient de mécanismes de retour de l’information pour maintenir l’équilibre. Notre système nerveux autonome, qui contrôle les fonctions automatiques de l’organisme, par exemple les battements du cœur et la digestion, sans que nous en ayons conscience ou presque, est un vestige de ces mécanismes primitifs. Puis, il y a environ cinq cents millions d’années, le système nerveux central, avec un cerveau, est apparu. “La nature l’a ajouté après coup”, remarque Antonio Damasio. Il est cependant devenu une “ancre” alors que l’esprit était plus distribué auparavant. Les changements survenant dans l’organisme étaient projetés sur le cerveau et vécus comme des émotions ou des pulsions – l’émotion de la peur, par exemple, ou la pulsion de manger. La subjectivité est arrivée encore plus tard, poursuit Damasio, avec l’apparition du système musculo-squelettique, qui devait être le cadre physique du système nerveux central et fournir ainsi un cadre de référence stable : le “je” unifié du vécu conscient. Si Antonio Damasio réfléchit à une synthèse, les autres chercheurs songent aux applications de leurs travaux. Sarah Garfinkel compte tester son idée d’hyperactivité de l’axe corps-cerveau sur des personnes traumatisées. Ses résultats accréditent déjà l’hypothèse qu’on puisse traiter le syndrome de stress post-traumatique avec des substances agissant sur le système cardiovasculaire. Des médicaments de ce type sont d’ailleurs en cours d’essais cliniques. Blanke et Park ont déposé un brevet relatif à la prévision du comportement par le rythme respiratoire. Cela pourrait entre autres permettre de rendre les interfaces cerveau-ordinateur plus sensibles aux choix des personnes en situation de handicap. Faut-il revoir notre conception de la mort ? Catherine Tallon-Baudry travaille avec le neurologue Steven Laureys à l’université de Liège, en Belgique, sur des personnes souffrant de troubles de la conscience, par exemple le coma. Ils ont formé une intelligence artificielle à reconnaître le lien entre le HEP et certains signes cliniques mesurables, à vérifier si le HEP peut à lui seul constituer un outil de diagnostic pour les patients présentant des signes cliniques ambigus – en particulier ceux qui se trouvent dans la zone grise appelée état de conscience minimale. Ces découvertes présentent également des implications philosophiques. Si la conscience est “incarnée” [intrinsèquement liée au corps], notre conception de la mort, actuellement définie par l’Organisation mondiale de la santé comme la perte irrémédiable des fonctions cérébrales (mais pas corporelles), s’en trouvera peut-être affectée. Ces recherches ont également des conséquences pour la conscience des autres animaux et le traitement que nous leur réservons. Et si la conscience est incarnée, cela signifie qu’une machine ou un robot ne sera jamais vraiment consciente puisqu’elle ne peut pas intégrer de signaux émis par son corps. “Quand on commence à passer en revue les implications du soi incarné, déclare Catherine Tallon-Baudry, elles sont vraiment très profondes.” Laura Spinney Cet article a été publié dans sa version originale le 24/06/2020.

  • Les lois de l'attention

    Par Matthieu Garrigou-Lagrange et Anne-Vanessa Prévost Avec Chantal Delsol, Sandra Laugier, Benjamin Taupin… La Revue de presse des idées | L’attention, c’est ce qui nous capte et ce que l’on donne. Elle conduit notre vie et peut mener au bonheur. Elle est une donnée-clé dans les moments de crise. "Morning Sun" de Edward Hopper, exposé au Thyssen-Bornemisza Museum in Madrid en 2012 Ce qui rend heureux, c’est l’attention que l’on porte à tel ou tel aspect de notre vie. Voilà ce que nous dit le professeur de droit américain Cass R. Sunstein dans un article dont la traduction paraît dans le magazine Books du mois de juin : "imaginez que vous perdiez l’usage d’un membre. Au départ, vous n’aurez que cela à l’esprit, vous aurez du mal à pen­ser à autre chose. Mais, passé un certain temps, vous allez reléguer le membre inerte à l’arrière­-plan et cesser de lui accorder autant d’attention. Vous allez plutôt vous concentrer sur votre famille, vos amis, votre travail. C’est pour cette raison que beaucoup de handicaps n’ont guère d’incidence sur le bien-­être sub­jectif. Au bout d’un moment, on cesse de se focaliser dessus". L’attention : une vertu De manière générale, ce qui concerne l’attention (le soin porté aux êtres, au vivant en général, en vue de les préserver ou de les réparer) n’est pas très valorisé dans la culture occidentale. La philosophe Chantal Delsol le rappelle dans les colonnes du Figaro : "les Occidentaux, par tradition, accordent un prestige immense à la transformation, à l’édification, bref à l’action en général ("Au commencement était l’action", dit Goethe). Ils ne se contentent jamais du monde tel qu’il est, et passent leur histoire à l’augmenter et à le perfectionner. Nous sommes des productivistes forcenés, des fils de Prométhée et de Faust. Classiquement et depuis toujours, chez nous les activités de l’attention sont peu qualifiées et peu gratifiantes. Dans notre histoire elles sont réservées aux femmes et aux clercs. Tandis que les activités de la production (entreprises économiques et artistiques) sont cotées, gratifiantes et réservées aux hommes". L’attention, elle, est bien peu active, poursuit Chantal Delsol "c’est presque davantage une vertu qu’une activité. À quoi cela peut-il donc bien servir ? À dire vrai, c’est une activité presque spirituelle. Simone Weil en a fait l’attitude par excellence de la prière (dans [son recueil] Attente de Dieu). Il s’agit de se pencher vers les êtres, afin de se solidariser avec leurs épreuves et éventuellement de les adoucir, pour saisir leurs appels et y répondre". Attention captivée Il n’en reste pas moins que prêter attention au monde environnant est une tâche parfois difficile pour les humains. C’est d’ailleurs bien parce qu’ils captaient trop l’attention des adultes que les enfants ont souvent été installés devant des écrans durant le confinement. Toujours dans Le Figaro, le docteur en neurosciences Michel Desmurget rapporte que le temps passé devant des écrans à des fins récréatives est devenu "insensé". "Bien sûr qu’il faut s’inquiéter! Dit-il. […] Pour mémoire, et quoi qu’en disent les idolâtres de tous ordres, la littérature scientifique est sans appel quant à l’impact négatif des consommations numériques récréatives sur la santé somatique (ex. obésité), l’équilibre émotionnel (ex. anxiété, agressivité), le développement cognitif (ex. langage, concentration) et, ultimement, la réussite scolaire des enfants. Les principales chaînes causales sont d’ailleurs solidement établies : appauvrissement des relations intrafamiliales, sursollicitation attentionnelle exogène, sous-stimulation intellectuelle, préjudices de sommeil, accroissement de sédentarité, etc". Design de l'attention Les adultes ne sont pas en reste, eux qui passent des heures entières sur leurs réseaux sociaux. De plus en plus de designers de ces plateformes font d’ailleurs leur mea culpa en ce domaine, à l’image de James Williams, ancien employé de Google, qui s'exprime dans Usbek et Rica : “Nous en sommes arrivés à une industrie de la persuasion à grande échelle, qui définit le comportement de milliards de gens chaque jour, et seulement quelques personnes ont leurs mains sur les leviers. Voilà pourquoi j’y vois une grande question morale, peut être la plus grande de notre époque”. Pour lui, il est temps de se demander ce que ces plateformes nous apportent réellement par rapport à ce que nous leur apportons : “Je pense qu'il faut réfléchir à la valeur de notre attention et être moins disposé à la donner à n'importe qui”. Tout le monde d’accord De manière générale, les médias cherchent à faire en sorte que nous prêtions attention à eux. D’où les inévitables "clashs" et autres polémiques qui visent à faire parler, en particulier à la télévision. Pourtant, estime Alexis Favre dans un éditorial du Temps, "nous sommes à peu près tous d’accord sur à peu près tout. C’est une très mauvaise nouvelle pour un animateur de débat, mais une très bonne nouvelle tout court". Hormis "quelques frappadingues qui, aux extrêmes du champ politique et cognitif, considèrent de toute bonne foi que _George Floyd_l’a bien cherché, que la Terre est plate, que la place des femmes est dans la cuisine ou que les chambres à gaz n’ont jamais existé". Mais pour le reste, dit-il, nous sommes en général d’accord pour dire "qu’une dose de justice et de solidarité pour protéger les plus faibles est un plus pour tout le monde. Pour régler les conflits, nous préférons ultra-majoritairement la discussion à la kalachnikov. Nous aspirons ultra-majoritairement à la sérénité plutôt qu’à l’inconfort". Le problème est, selon lui, que  "les évidences nous ennuient. L’harmonie nous effraie, le calme nous angoisse. Alors nous polémiquons à la marge, parfois jusqu’à nous entre-tuer. Comme pour nous prouver que nous sommes vivants". Plage dynamique Pour ne pas s’ennuyer, il faut sans cesse bouger. Le mouvement permet de diluer l’attention en diverses choses, de la tenir en éveil. Benjamin Taupin, maître de conférences en théorie des organisations au CNAM, observe, dans une tribune parue dans Libération, que la pandémie est prétexte à mettre chacun dans un mouvement perpétuel : "le concept de « plage dynamique» sur laquelle il est interdit de bronzer, de planter son parasol ou simplement de s’arrêter pour contempler la vue au profit exclusif de la marche, la course ou la baignade, se diffuse progressivement à d’autres espaces [...] Cette logique était bien entraperçue lorsque l’on regrettait, ici ou là, qu’une trop douce exception soit faite pour les amateurs de course à pied, leur autorisant une sortie pour des "déplacements brefs […] liés à la l’activité physique individuelle des personnes". Étaient de fait exclus celles et ceux qui n’avaient pas la possibilité de se mouvoir agilement, et nombreuses furent les critiques des joggeurs de circonstance". Ces observations pourraient paraître anecdotiques, admet le chercheur, mais elles lui semblent au contraire révélatrices de ce qui guette la société par temps de pandémie :  "les réponses apportées dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 bouleversent nos modes de vie et pourraient esquisser les contours de la société post-pandémie et les principes qui la structureront".  Cela se manifeste "au travers d’actions ponctuelles guidées par les rapports de force, comme la remise en question des conventions collectives, l’assouplissement ou flexibilité du temps de travail, la modification des grilles de salaires, l’utilisation des systèmes d’évaluation individuelle pour l’attribution des primes au mérite, le changement des modalités de recrutement. La logique du déplacement privilégiée pour lutter contre le Covid-19 illustre parfaitement cette logique de justification". "Le mouvement constant permet d’éviter la critique en ne donnant aucune prise à la contestation", conclut Benjamin Taupin. En ces temps troublés, il serait bon de pouvoir ""s’asseoir au seuil de l’instant_" (Nietzsche) et de prendre garde à ne pas oublier ce que chacun doit à la "rumination" sédentaire_ ”. Faire attention Faire attention aux autres, c’est le cœur de la notion de "Care", commune chez les anglo-saxons et popularisée plus récemment en France, notamment par la philosophe Sandra Laugier, qui en parle à Marie Lemonnier dans un entretien accordé à L’Obs. Elle revient d’abord sur l’origine du concept : "partant de l’observation clinique que les jeunes filles ont tendance à résoudre les dilemmes éthiques en tenant compte des détails d’un contexte et des conséquences sur les personnes, tandis que les garçons sont davantage prompts à trancher en fonction de principes moraux abstraits, la psychologue Carol Gilligan pose les bases d’une réflexion qui renverse les perspectives". Le ministre de la santé, Olivier Véran, a employé ce terme de "care" dans une interview au JDD. "_Le mot "care" est audacieux, estime Sandra Laugier, car il s’inscrit dans une pensée féministe qui analyse les raisons historiques pour lesquelles ces fonctions sont féminisées et de ce fait dévalorisées, et qui veut montrer leur centralité"._ Prendre soin des soignants serait aujourd’hui leur offrir une rémunération au niveau de la difficulté de leur travail, souligne encore Sandra Laugier, en rappelant qu’"avant la crise du Covid, déjà 30 % des jeunes infirmières et infirmiers abandonnaient le métier dans les cinq ans suivant l’obtention de leur diplôme. Et on s’attend à une vague de départs parmi celles et ceux qui ont été envoyés en « première ligne ». Ce ne sont donc pas des médailles qui suffiront !". Consentement L’attention, c’est enfin s’assurer du consentement de l’autre dans les gestes de l’amour. Le sociologue Jean-Claude Kauffman rappelle dans La Croix que le consentement est plus souvent demandé au début d’une relation, et moins ensuite : "parfois, c’est le corps qui parle, qui résiste, message que ne perçoit pas forcément clairement le partenaire. Parfois, on peut être tenté de se forcer « un peu » pour faire plaisir à l’autre, parfois c’est l’autre qui ne se rend pas compte qu’il force « un peu ». La question du consentement peut alors être posée". "Communiquer, lever les malentendus permet de remporter petite victoire après petite victoire. Au fond, la sexualité conjugale fonctionne beaucoup à la routine. Comme une chorégraphie où chacun entre avec ses repères, ses rituels. Le mouvement MeeToo apprend aux hommes à être plus attentifs aux messages envoyés par les femmes, qui seront plus explicites". Les vertus de l’attention sont multiples. Encore faut-il avoir le temps de l’exercer. Matthieu Garrigou-Lagrange, Anne-Vanessa Prévost et l'équipe de la Compagnie des Œuvres

  • Avec SPINOZA : faire provision de joie en ces temps incertains

    L’expertise universitaire, l’exigence journalistique La pandémie de coronavirus a fait vaciller bien des certitudes. Constatant avec stupeur les limites de son savoir, et prenant conscience avec angoisse de sa vulnérabilité face au virus, l’homme est brutalement rappelé à l’ordre de l’humilité. Est-on alors condamné à devoir faire face aux événements sans pouvoir prendre appui sur un sol solide ? Faut-il abandonner tout espoir de pouvoir « trouver le roc ou l’argile » qui nous permettrait de « marcher avec assurance en cette vie » (Descartes) ? Non, car la philosophie peut nous permettre de reprendre pied sur quelques îlots de certitude, comme en témoigne, sur trois points précis, celle de Spinoza. Rien ne vaut la vie humaine Faut-il faire passer les impératifs de santé publique avant les impératifs économiques ? Le Président Trump répond non. Tout dépend de la valeur que l’on peut accorder à une vie humaine. Au moment des choix, économiques, et médicaux, dont dépend la survie de tant de personnes, deux questions se posent : la vie vaut-elle plus que tout ? Et toutes les vies ont-elles la même valeur ? On peut, avec Spinoza, apporter une réponse positive à ces deux questions. Car ce qui fait la valeur d’une vie, c’est cette vie elle-même. Chaque vie est un trésor qui mérite d’être préservé par tous les moyens. Le combat pour chaque vie est à chaque fois un combat pour l’humanité entière. Spinoza définit la « vertu » comme « puissance », termes par lesquels il entend « la même chose » (Éthique, IV, définition 8). Car, pour lui, « de par son être, chaque chose s’efforce de persévérer dans son être » (III, p. 6). L’effort de persévérance est l’essence même de la chose : « L’effort (Conatus) par lequel chaque chose persévère dans son être n’est rien en dehors de l’essence actuelle de cette chose » (III, p. 7). La vie est en soi vertueuse. D’où il résulte, en termes simples, que respecter la personne humaine, c’est d’abord, et essentiellement, lui permettre de continuer à vivre. Et précisément, pour Spinoza, « le bonheur consiste pour l’homme à pouvoir conserver son être » (IV, p. 18, Scolie). Ceux qui luttent pour la survie de chaque malade sont des serviteurs du bonheur. Qu’ils en soient remerciés. Les contraintes sauvegardent la liberté Les mesures de confinement décidées par les gouvernements ne sont-elles pas liberticides ? Les contraintes imposées aux individus ne viennent-elles pas restreindre de manière aussi excessive qu’illégitime leurs libertés : de travailler, de se déplacer, de se divertir, de faire du sport, etc. ? Ne risque-t-on pas d’entrer dans une société de surveillance généralisée ? Il est clair que les risques sont réels. Mais il ne faut pas perdre de vue l’essentiel, qui est la sauvegarde de la liberté fondamentale de persévérer dans son essence d’être vivant. C’est ce qu’établit très clairement le Traité Théologico-Politique. « La fin de l’État est… en réalité la liberté ». Afin même que chacun puisse conserver « son droit naturel d’exister et d’agir », il faut que les individus aient renoncé au « droit d’agir suivant le seul décret de sa pensée ». La contrainte collective pesant sur les actes est la condition sine qua non de la liberté de penser ce qu’on veut et de dire ce qu’on pense. Ainsi : « Dans un État démocratique… tous conviennent d’agir par un commun décret, mais non de juger et de raisonner en commun. C’est donc seulement au droit d’agir par son propre décret [que l’individu] a renoncé, non au droit de raisonner et de juger. » L’État (le souverain) a le pouvoir absolu de décréter sur les actions, mais cela uniquement afin que les citoyens puissent « vivre en paix », en usant de leur liberté de penser. Et, d’abord, puissent « vivre », car telle est la liberté fondant toutes les autres ; et tel est le défi majeur aujourd’hui ! La force d’âme, vertu fondamentale pour notre temps Quelle est alors la vertu la plus utile en ces temps difficiles ? Dans l’Éthique (III, p. 59), Spinoza répond : la « force d’âme ».Il la divise en fermeté, et générosité : « Par fermeté j’entends le désir par lequel on s’efforce de conserver son être d’après le seul commandement de la raison. Par générosité j’entends le désir par lequel on s’efforce, d’après le seul commandement de la raison, d’aider les autres et de s’unir à eux par amitié » Dans les gestes « barrière », et le respect des consignes de confinement, les deux dimensions de la force d’âme s’unissent, dans un même mouvement. Les actions individuelles tendent à la fois à l’utilité de l’agent, et à celle d’autrui. C’est en étant utile à autrui que l’on est, in fine, utile à soi ! À l’évidence, c’est de « force d’âme » que font preuve tous ceux qui se trouvent « en première ligne » pour combattre la maladie. Mais c’est aussi ce dont ont eu, et ont toujours, besoin, tous les autres, pour mettre leur énergie au service du combat commun (en « deuxième ligne »), et accepter les contraintes du confinement (en « troisième ligne »). Pour Spinoza, l’esprit est dans la joie quand il considère sa puissance d’agir (Éthique, III, p. 53). La joie accompagne le passage à une perfection plus grande, la tristesse le passage à une perfection moindre (III, p. 11). Car « la joie est le passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection » (III, Définitions des sentiments). Chaque fois que, en faisant preuve de force d’âme, on agit pour sauvegarder la liberté fondamentale de chacun de persévérer dans son être, on éloigne la tristesse, et on fait provision de joie.

  • Le manager malgré lui

    Quand Molière éclaire la bêtise organisationnelle Article rédigé sous la supervision de Ghislain Deslandes, philosophe et professeur à ESCP Business School. Dans un essai intitulé « The stupidity paradox », les professeurs Mats Alvesson et André Spicer mettent en garde les managers des institutions bureaucratiques qui ne laissent aucune place à l’expression de l’intelligence humaine. À cet égard, ils parlent d’un phénomène de « stupidité fonctionnelle ». Au cœur de leur paradoxe, ils dénoncent l’affectation des salariés les plus compétents aux tâches les plus stupides. Le plus édifiant dans l’ouvrage d’Alvesson et Spicer, c’est la manière dont ils démontrent l’attrait suscité par cette stupidité fonctionnelle sur le court terme. En effet, l’absence de remise en question et la conservation de structures processuelles séculaires assurent une certaine stabilité et des économies de moyens conséquentes. Cependant, lorsqu’elle est pensée sur le long terme, la stupidité fonctionnelle devient dévastatrice. Elle est marquée par l’imitation de la concurrence et la poursuite d’objectifs spécieux. Cette stupidité pérenne devient alors la plus pure illustration de la bêtise. La paradoxe de la stupidité (Ghislain Deslandes, 2017). La littérature comme réservoir de motifs Quatre siècles avant Alvesson et Spicer, Molière s’intéressait lui aussi à la bêtise, mais dans un tout autre contexte que celui des organisations. En observateur acerbe de la société de son temps, Molière a mis en scène la plupart des travers humains : l’avarice, l’hypocrisie, l’infidélité et surtout la bêtise. Dans Le médecin malgré lui, le dramaturge français nous offre une caricature sans concession des médecins du Grand Siècle. Dès lors, l’écriture satirique du dramaturge apparaît essentielle pour mieux comprendre les rouages subtils de la bêtise humaine. Et si finalement Molière devenait un auteur tout aussi incontournable qu’Alvesson et Spicer pour penser la bêtise dans les organisations ? Il s’agirait alors de considérer la littérature comme un réservoir de motifs dans lequel on viendrait puiser des éléments de réflexion pour mieux comprendre ce qui se joue dans les organisations. Cette invitation à un dialogue entre les deux champs disciplinaires a notamment été initiée par l’économiste et professeur émérite à Stanford, James Gardner March. En effet, ce professeur a marqué des générations d’étudiants en délaissant les classiques « études de cas » pour travailler à partir d’œuvres littéraires comme « Guerre et Paix » ou « Don Quichotte ». Dans l’ouvrage collectif Littérature et management paru en 2018, les professeurs Fabien de Geuser et Alain Max Guénette saluent eux aussi les potentialités offertes par la littérature pour enrichir les modèles gestionnaires. Dès lors, littérature et sciences de gestion ne doivent pas être envisagées comme deux champs hermétiques mais bien comme deux domaines qui s’interpénètrent mutuellement. Les deux formes de la bêtise On distingue traditionnellement deux formes de bêtise. Il y a tout d’abord une bêtise première, une bêtise essentielle qui est l’apanage de l’inculte, de l’ignorant et de l’incompétent. Elle résulte de l’absence d’études approfondies ou d’un manque de compétences techniques. Même si elle peut se révéler dangereuse, cette première forme de bêtise est curable grâce à l’injection soutenue des connaissances qui font défaut. Cependant, s’il suffisait d’être intelligent pour ne pas être bête, autrement dit si la bêtise n’était qu’une affaire d’inculture ou d’ignorance alors l’espoir serait permis. Malheureusement, les choses ne sont pas si simples. Loin d’endiguer la bêtise, l’intelligence peut avoir pour effet de donner à l’imbécile la conviction littéralement confortable que la bêtise ne le concerne pas. C’est ce que le philosophe Clément Rosset appelle la « bêtise du second degré », c’est une bêtise intelligente mais foncièrement incurable puisque l’imbécile croit qu’il est déjà sauvé. L’homme bête brandit alors sa culture comme un parafoudre oubliant par là même qu’il suffit de croire qu’on échappe à la bêtise pour tomber dedans. Dans ces conditions, la bêtise n’épargne personne, c’est une menace incessante et cette menace, l’imbécile y succombe d’autant plus aisément qu’il se croit à l’abri. Dès lors, cette bêtise du second degré n’est pas tant une affaire de contenu qu’une affaire de forme. La bêtise n’est pas du tout comme on le croit habituellement une chute ou une rechute dans l’animalité ou dans l’anormalité, elle n’est pas irrationnelle, c’est au contraire l’affirmation d’une raison suffisante, d’une raison outrecuidante, imbue d’elle-même et qui se réclame des grands principes de la logique. Quand le costume ne fait pas le manager Il faut ici rappeler que dans les « entreprises, le management fait souvent partie des propositions d’évolution ». On serait ici tenté de pasticher Simone de Beauvoir, dans Le deuxième sexe en affirmant qu’« on ne naît pas manager, on le devient ». Il suffirait alors de quelques cours reçus en MBA ou de quelques séminaires de coaching pour faire du salarié lambda un encadrant crédible. Si le costume ne fait pas le manager, le titre fonctionne encore moins comme un énoncé performatif. Il ne suffit pas de décréter un salarié manager pour qu’il le devienne effectivement. L’ancienneté et quelques conseils reçus sur le tas ne permettront pas nécessairement de faire d’un bon technicien un manager digne de ce nom. C’est là où Molière nous donne de précieuses leçons avec sa pièce « Le Médecin malgré lui ». En effet, on y découvre le personnage drolatique de Sganarelle, un bûcheron et ivrogne notoire converti en médecin pour échapper aux coups de bâton. En enfilant les vêtements des médecins du XVIIe siècle, Sganarelle multiplie les ruses et prend sa nouvelle fonction très au sérieux. Tout au long de la pièce, il s’ingénie à dispenser de véritables consultations. Si on suit le sens littéral du texte, l’attitude de Sganarelle déguisé en faux médecin relève avant tout d’une bêtise du premier degré, c’est-à-dire de l’incurie de celui qui ne sait pas vraiment ce qu’il fait. « Le malade imaginaire » (Honoré Daumier, autour de 1860).Wikimedia Tout comme on ne s’improvise pas médecin, on ne s’improvise pas manager non plus. La négociation, l’intelligence relationnelle ou encore le leadership sont des qualités essentielles qui oscillent entre innéité et acquisition. On peut aisément transposer le ridicule provoqué par l’imposture de Sganarelle à certaines situations managériales. Le nouveau manager se retrouve alors parachuté du jour au lendemain dans un rôle qui n’est pas le sien par un simple mécanisme de promotion. Il devient manager malgré lui. Le cas du « sale con » Le « sale con » ou « asshole » pour reprendre le terme du professeur Robert Sutton que l’on peut rencontrer dans les organisations est l’archétype de ce que Rosset appelle la bêtise du second degré. Tel Moïse sauvé des eaux, le « sale con » pense échapper à la bêtise en brandissant un pseudo-vernis managérial en guise de paratonnerre. Malgré le caractère frivole de la sémantique utilisée par Sutton, le sujet est très sérieux voire même capital pour les organisations. Pour ce théoricien du management, il apparaît indispensable d’analyser le comportement des individus pour en comprendre les conséquences organisationnelles. Sutton établit notamment une distinction entre le « sale con occasionnel » et le « sale con certifié ». Le premier a pu se laisser aller ponctuellement à un comportement déplacé tandis que le second use en permanence d’une attitude toxique envers ses subordonnés. Même si le premier doit faire l’objet d’une surveillance, le second représente un véritable danger pour les organisations. Chez Molière, il faut se hisser au-delà du discours de Sganarelle et des protagonistes pour comprendre la portée globale de la pièce. Il s’agit alors de dépasser la lettre du texte à proprement parler pour en comprendre l’esprit. Dans « le Médecin malgré lui », Molière nous propose plus largement une satire de la médecine de son temps qui reste encore valable de nos jours. Acte II, scène 4 duMédecin malgré lui : Sganarelle « ausculte » Lucinde (Théâtre Hatier, 2015). Le jargon pédantesque employé par Sganarelle est un moyen efficace pour élaborer une critique acerbe des théories et des pratiques médicales en vigueur. Si le cas particulier de Sganarelle relève davantage d’une bêtise du premier degré en raison de son inculture scientifique, le cas plus général des médecins est la parfaite illustration d’une bêtise du second degré. Molière fustige ici le mythe du médecin thaumaturge capable d’accomplir des miracles. En réalité, le praticien ne fait que reprendre les dires des Anciens, sans les contrôler par l’expérience. L’honneur est sauf tant que la théorie est respectée. Le recours systématique aux sentences latines est aussi une des caractéristiques de l’art médical de l’époque. Que personne n’y comprenne rien importe peu, l’essentiel pour le médecin, c’est de se comprendre lui-même. Une telle attitude est le symptôme aigu d’une autosuffisance identitaire qui refuse de s’ouvrir à autrui, de dialoguer et d’argumenter. Dès lors, Molière s’inscrit dans la longue tradition littéraire de la satire des médecins. On les moque, on rit d’eux pour dénoncer leur inefficacité ainsi que leur vanité et leur insupportable superbe. Le « sale con » évoqué par Sutton est ici esquissé en filigrane. « Vouloir conclure » Difficile de trouver le mot de la fin sur un tel sujet. En effet, Flaubert rappelle dans sa « Correspondance » que : « la bêtise consiste à vouloir conclure ». C’est la volonté qui est importante ici. En effet, toute conclusion n’est pas bête. C’est la volonté de conclure, c’est-à-dire d’avoir le dernier mot, le mot de la fin qui relève d’une bêtise profonde. Risquons-nous malgré tout à quelques mots de conclusion. En mettant en scène un bûcheron grossier devenu médecin, Molière nous invite plus que jamais à débusquer les imposteurs et autres charlatans qui peuplent nos existences. Pour le philosophe Alain Roger, nul doute que la bêtise absolue résulte d’un ego surdimensionné et d’une confiance en soi inébranlable. Autosuffisance, pédanterie et sentiment insulaire, tels sont les signes de celui qui se prend pour l’unique but de ses actions. En somme, qu’il s’agisse des médecins ou des managers, tous feraient mieux d’admettre qu’ils ne sont pas omniscients, ils en seraient bien plus respectables.

  • Les 7 clés de la libération intérieure

    Tout va mal ! Quand on y pense, un jour ou l’autre ça arrive à tout le monde, même les plus optimistes. Tout va mal dans votre vie? Vous êtes miné par le stress? Le poids des soucis qui s’accumulent au quotidien vous pèse de plus en plus? Vous en avez par-dessus la tête de toutes ces innombrables préoccupations d’ordre professionnel, financier, familial ou interrelationnel qui vous rongent, vous angoissent et, parfois même, vous empêchent de dormir la nuit? Subir ou faire face ? Et si vous regardiez vos problèmes d'une façon différente. Imaginez que ce mal-être ne soit pas simplement un fardeau mais un défi à relever. ! Imaginez que vous avez en vous les qualités nécessaires pour surmonter ces obstacles ! Que se passerait-il si vous découvriez qu'il existe 7 clés pour vous libérer de ces chaines intérieures ? Les 7 cés de la libération intérieure. 1ère clé - S'exprimer : Ce que l'on réprime, s'imprime. 2ème clé : Dédramatiser : Ce à quoi l'on résiste, persiste. 3ème clé : S'enraciner : Ce que l'on fuit, nous poursuit. 4ème clé : Lâcher-prise : Ce qui nous affexte, nous infecte. 5ème clé : Se responsabiliser : Ce à quoi l'on fait face, s'efface. 6ème clé : S'unifier : Ce que l'on visualise, se matérialise. 7ème clé : Rayonner : Ce que l'on bénit, nous ravit !

  • Avoir le sens de l'autre comme éthique

    Par Omar ZANNA Comme la plupart des intervenants de CommKi interviennent en formation professionnelle et aussi dans le cadre de diplôme d'état ou titres RNCP, cette approche à laquelle nous adhérons pleinement, nous interpelle. Classiquement, l’éthique est définie comme la partie de la philosophie qui envisage l’étude de la morale, c’est-à-dire l’ensemble des principes qui gouvernent les conduites de tout un chacun. Éthique et morale sont donc étroitement liées. Pourtant, « bien que ces deux concepts aient donné lieu à diverses acceptions, on accorde de façon générale une connotation plus réflexive à l’éthique et plus prescriptive à la morale 1 ». L’éthique serait alors marquée par une perspective téléologique là où la morale serait caractérisée par une orientation déontologique, c’est-à-dire par l’impératif du devoir 2. Dans la mesure où le propos n’est pas ici de faire le distinguo entre les deux concepts mais de discuter le lien entre empathie et éthique de l’enseignant, la morale et l’éthique seront donc tenues pour synonymes, rejoignant ainsi Monique Canto-Sperber, Ruwen Ogien 3 et Patrick Pharo 4. L’éthique étant ainsi circonscrite dans un périmètre de sens, donnons maintenant des contours précis, et non restreints, à l’empathie avant de montrer que cette disposition constitue un sésame pour bien faire classe. 1 C. Gohier, « L’art de l’orientation de la conduite humaine en enseignement : quelle éthique et quelle déontologie ? Pour une éthique du lien », Les sciences de l’éducation – Pour l’ère nouvelle, vol. 40, n° 2, 2007, p. 78-79. 2 E. Prairat, La Morale du professeur, Paris, PUF, 2013. 3 M. Canto-Sperber et R. Ogien, La Philosophie morale, Paris, PUF, 2004. 4 P. Pharo, Morale et sociologie, Paris, Gallimard, 2004. L'EMPATHIE AU CENTRE DE LA RELATION PÉDAGOGIQUE L’empathie est cette disposition qui consiste à ressentir ce que l’autre ressent sans toutefois s’y confondre 5. Cette distinction entre moi et autrui est essentielle : elle distingue d’emblée et clairement l’empathie de la sympathie. L’empathie s’apparente à un partage plus ou moins intense mais toujours maîtrisé, évalué et mesuré de l’émotion de l’autre. L’empathie serait cette « intuition de ce qui se passe dans l’autre, sans toutefois oublier qu’on est soi-même 6 », autrement il s’agirait d’identification. Empathie n’est donc pas sympathie ! Si l’empathie et la sympathie forgent toutes deux un lien, la première est – à l’instar de l’acte d’enseigner qui « se déploie dans une relation vivante de face-à-face 7 » –, rencontre ; l’autre est étreinte. « La sympathie triomphe des différences par des actes d’identification imaginatifs ; elle consiste à prêter attention à l’autre en se plaçant sur son terrain. On a généralement pris la sympathie pour un sentiment plus fort que l’empathie parce que “je ressens votre douleur” met l’accent sur ce que je ressens ; l’ego est activé. L’empathie est pourtant un exercice plus exigeant, tout au moins dans l’écoute : l’auditeur doit sortir de lui… L’empathie est donc plus exigeante puisqu’elle nous oblige à nous focaliser hors de nous 8 ». Aussi, au sein d’une école de plus en plus multiethnique, cette disposition, comme occasion d’une écoute active, peut-elle devenir une précieuse compagne pour des enseignants confrontés, au quotidien, à des classes dont les élèves composent, au regard de leurs origines (sociales et culturelles), une mosaïque de perceptions et d’actions 9. Si l’on souhaite être plus précis, on peut encore dire que l’empathie est cette disposition qui nous conduit à agir envers les autres comme on agirait envers nous-mêmes (M. J. Bennett, 1979). Ce qui amène à opérer encore une distinction entre empathie cognitive et empathie émotionnelle. L’empathie cognitive : c’est ce que mobilise l’enseignant lorsqu’il prépare son cours chez lui. Aidé de ses manuels, il construit sa séance mais, point important, sans jamais perdre de vue le niveau de ses élèves. Concevant son intervention, il tente de trouver la juste distance – la bonne distance dirait Arthur Schopenhauer 10 – entre le niveau d’organisation des ressources du moment des élèves, tel qu’on peut le déterminer à travers la façon dont ils se comportent seuls lorsqu’ils sont confrontés à des situations, et le degré de sollicitation qu’ils peuvent supporter sans défaillir lorsqu’ils sont assistés par l’adulte et collaborent avec leurs pairs. Pour répondre au mieux au niveau des élèves, encore faut-il avoir une idée de la manière dont les propos de l’enseignant résonnent en eux. C’est pourquoi le travail de celui-ci consiste à tenter d’habiter l’esprit de ses élèves à dessein de connaître leurs représentations mentales ; dans ce cas, l’empathie est un acte purement cognitif. Pour l’enseignant, cette façon d’opérer est consubstantielle à son métier de passeur de savoirs. Avec l’expérience, cette empathie cognitive s’apparente à un habitus professionnel. L’empathie émotionnelle, elle, se déclenche dans les situations de face-à-face, de vis-à-vis ; elle passe par les corps en présence, car le corps n’est pas qu’un corps, il est également langage. Elle suppose donc une résonance. Pour le dire avec les mots de Damasio, « notre connexion avec autrui passe non pas seulement par des images visuelles, du langage et des inférences logiques mais aussi par quelque chose de plus profond dans notre chair… 11 ». Disons qu’en matière d’empathie émotionnelle – c’est-à-dire en situation de reconnaissance entendue comme « acte expressif par lequel la connaissance est octroyée avec le sens positif d’une affirmation 12 » –, nous avons tous tendance à être affectés/touchés par la présence de l’autre : autrement dit, à entrer en résonance émotionnelle avec autrui 13. En situation de face-à-face pédagogique, si un élève sourit, les autres élèves et sans doute l’enseignant auront tendance à sourire également. Si en revanche un élève est envoyé au tableau en prenant un air triste, parce qu’il vient d’apprendre le divorce de ses parents, l’ensemble de la classe sera pareillement triste mais, point essentiel, sans jamais se perdre dans les émotions de l’élève en question. L’empathie émotionnelle est donc en jeu chaque fois que des personnes sont en interaction. Être en empathie émotionnelle consiste à participer à un alignement des affects, sans perte de distance 14. À la différence de l’empathie cognitive (la connaissance), l’empathie émotionnelle (la reconnaissance) «dépend de médiums qui expriment le fait que l’autre personne est censée posséder une “valeur” sociale 15 ». On l’aura compris, empathie cognitive (qui passe par le raisonnement) et empathie émotionnelle (qui passe par la résonance) sont complémentaires dans la relation à autrui et centrales dans les métiers de l’enseignement. Dans la mesure où le lien à autrui, en situation de face à face, s’établit en premier lieu dans et par le corps, on peut alors dire que c’est l’empathie émotionnelle qui est au centre de la relation que crée l’enseignant avec chacun de ses élèves. Et c’est cette force invisible – qui lie les hommes dans une société – semblable à un mouvement éthique qu’il est nécessaire de cultiver à l’école. Pour l’enseignant cela suppose de faire le (premier) pas éthique pour reconnaître ses élèves 16. 5 C. Rogers, Le Développement de la personne, Paris, Dunod, 1968. 6 S. Lebovici, « Lettre ouverte à Robert Emde et réponse à ses questions concernant l’empathie », in A. Braconnier, J. Sipos (dir.), Le Bébé et les interactions précoces, Paris, PUF, 1998, p. 14. 7 E. Prairat, op. cit., p. 12. 8 R. Sennett, Ensemble ; pour une éthique de la coopération, Paris, Albin Michel, 2014, p. 37-40. 9 C. Gohier, op. cit. 10 Pour Arthur Schopenhauer, la bonne distance est synonyme de « politesse ». La politesse serait l’art de trouver la bonne distance qui permet à chacun de n’être ni trop envahissant, ni trop absent. Voir A. Schopenhauer (1886), Aphorismes sur la sagesse dans la vie, Paris, PUF, 1989. 11 A. R. Damasio, L’Autre moi-même. Les nouvelles cartes du cerveau, de la conscience et des émotions, Paris, Odile Jacob, 2010, p. 131-132. 12 A. Honneth, La Société du mépris, Paris, La Découverte, 2008, p. 230. 13 H. Rosa, Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive, Paris, La Découverte, 2012. 14 M.-L. Brunel et J. Cosnier, L’Empathie : un sixième sens, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2012, p. 22. 15 A. Honneth, La Société du mépris, op. cit., p. 230. O. Zanna, Apprendre à vivre ensemble en classe, Paris, Dunod, 2015. O. Zanna, Le Corps dans la relation aux autres, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015. 16 I. Ionita, Un itinéraire de recherche en terrain autochtone au Canada : l’empathie dans tous ses états, Paris, L’Harmattan, 2015. DE L’EMPATHIE À L’ÉTHIQUE Si plusieurs auteurs ont proposé une définition de l’empathie 17, celle d’Antonio Damasio 18 est particulièrement féconde pour saisir la relation entre éthique et empathie. Elle a, en effet, un avantage certain par rapport aux autres, celui de subsumer corps et esprit, émotions et représentations. Dans sa conception, celui qui est en situation de comprendre l’autre par empathie ressent par corps les émotions de celui qu’il observe. Ainsi ressenties corporellement, elles seraient ensuite traduites en représentations mentales. Être en empathie serait donc cette capacité à prendre la perspective d’autrui en faisant le détour sensoriel. Cette perspective n’est pas très éloignée de celle développée par Francisco Varela 19, lorsqu’il parle, en 1993, « d’inscription corporelle de l’esprit ». Dans son sillage, en 1995, Damasio précise à la fin de son ouvrage L’Erreur de Descartes 20 que sans le corps point de représentations. Ce professeur de neurosciences et de psychologie pose l’axiome suivant : puisque la relation avec le monde nous advient par le truchement de notre corps, c’est tout logiquement lui qui est à la base de nos représentations mentales. « Le corps fournit au cerveau davantage que ses moyens d’existence et que la modulation de ses activités. Il fournit un contenu faisant intégralement partie du fonctionnement mental normal 21. » Autrement dit, le fait de ressentir le monde avec son corps précède le fait de le penser 22. Un an plus tard, en 1996, c’est à nouveau Varela qui soutient que « toute activité mentale est également somatique, et que le “psycho” ne s’oppose pas au “soma”, mais entre en résonance avec lui : on ne peut avoir du “psychologique” sans avoir du “somatique”. Cela peut sembler évident aux pratiquants d’une discipline corporelle, avec toute la connaissance traditionnelle du corps, mais c’était loin d’être évident à l’intérieur d’une science très cartésienne 23 ». C’est donc parce que nous vivons dans notre corps les gestes et les émotions perçues chez autrui que la représentation de l’autre peut advenir dans notre esprit. Ces gestes et ces émotions perçues opèrent donc comme un langage 24. Tout bien considéré, la connaissance du monde est donc d’abord une expérience somatique. « Et c’est de cette expérience charnelle que peut éventuellement émerger la pensée 25 ». Finalement, on peut dire que Descartes a en partie commis une erreur 26 et que Spinoza avait peut-être raison 27 : « Spinoza a eu l’intuition du dispositif anatomique et fonctionnel global que le corps doit mettre en oeuvre pour qu’apparaisse l’esprit avec lui ou, plus précisément, avec et en lui. […] l’esprit et le corps sont des processus parallèles et mutuellement corrélés. […] Ils se doublent l’un l’autre en tous endroits, comme deux faces d’une même chose 28. » Une relation indissociable existe donc entre émotions, sentiments, conscience et raison, c’est-à-dire entre corps et esprit. Pourtant, encore aujourd’hui, les contenus scolaires sont, à bien des égards, dédiés à des esprits sans corps. Or, on sait que le fait d’entraver « le corps de quelqu’un – que ce soit par des liens physiques ou des injonctions éducatives rigides 29 » conduit à réduire ses capacités cognitives. De fait, seule une éducation qui associe, sans les hiérarchiser, corps (motricité) et esprit (pensée) est susceptible de conduire à l’avènement d’individus épanouis et équilibrés. Résumons-nous : accepter, d’une part, l’idée d’un lien entre empathie et esprit, et admettre, d’autre part, que l’éthique est liée au somatique, conduit à attribuer à l’empathie un rôle privilégié dans le déclenchement de la posture éthique. Admettre cette assertion nous amène de manière quasi obvie à faire de l’empathie la précieuse compagne de la déontologie des enseignants. 17 P. Attigui, A. Cukier (dir.), 2011 ; J. Hochmann, 2012 ; A. Kiss (dir.), 2001 ; M.-L. Brunel et J. Cosnier, 2012 ; S. Tisseron, 2010 ; D. Goleman, 2009 ; G. Rizzolatti et C. Sinigaglia, 2008 ; A. Berthoz et G. Jorland (dir.), 2004 ; J. Decety, 2002 ; A.-M. Melot et J. Nadel, 2003 ; P. Karli, 2011 ; J. Lecomte, 2012 ; J.-P. Changeux, 2008 ; J. Decety, 2004. 18 A. R. Damasio, L’Erreur de Descartes. La raison des émotions, Paris, Odile Jacob, 1995 ; Spinoza avait raison. Le cerveau de la tristesse, de la joie et des émotions, Paris, Odile Jacob, 2003 ; L’Autre moi-même, op. cit. 19 F. Varela, E. Thompson, E. Rosch, L’Inscription corporelle de l’esprit, Paris, Seuil, 1993. 20 A. R. Damasio, L’Erreur de Descartes. La raison des émotions, op. cit. 21 Ibid., p. 305. 22 C. Pujade-Renaud (1983), Le Corps de l’enseignant dans la classe, Paris, L’Harmattan, 2005. 23 F. Varela, « Le corps et l’expérience vécue », in Y. Tardan- Masquelier (dir.), Les Chemins du corps, Paris, Albin Michel, 1996, p. 119. 24 G. H. Mead (1963), L’Esprit, le Soi et la Société, Paris, PUF, 2006. 25 C. Dejours, Le Corps d’abord, Paris, Payot, 2001, p. 156. 26 A. R. Damasio, L’Erreur de Descartes. La raison des émotions, op. cit. 27 A. R. Damasio, Spinoza avait raison. Joie et tristesse, le cerveau des émotions, op. cit. 28 Ibid., p. 210-217. 29 S.Tisseron, La Main, l’OEil, l’Image, Paris, INA, 2014, p. 6. L’EMPATHIE AU COEUR DE LA DÉONTOLOGIE PROFESSIONNELLE Nous vivons désormais dans un monde basé sur la promesse de l’autonomie des acteurs. Cette promesse des sociétés modernes a son revers. Les individus sont dorénavant confrontés à l’augmentation des exigences sociales, en ce sens qu’ils sont tenus de trouver dans leur propre action leur légitimité. Il ne suffit plus, en effet, d’être enseignant pour que l’élève et sa famille acceptent les méthodes pédagogiques, les contenus enseignés et leur évaluation. La « domination rationnelle-légale 30 » qu’ont connue les hussards de la République a, ces trois dernières décennies, perdu de sa superbe 31. Désormais, être (re)connu comme un (bon) enseignant ne dépend plus seulement du statut conféré par l’institution mais s’apprécie également à la façon d’incarner sa mission. Autrement dit, chaque enseignant soucieux et à l’écoute de ses élèves doit, à sa manière, transcender son statut, lui donner chair en quelque sorte, le hissant ainsi au niveau d’une figure charismatique incarnée. À l’instar du personnage du prophète missionné pour annoncer ce qui va arriver – et à la différence du prêtre adoubé par l’institution pour dire ce qui est –, l’aura de l’enseignant tient désormais (et sans doute plus encore) aux facteurs individuels qu’il parvient à susciter et à entretenir au sein de sa classe 32. Son corps, parce qu’il est là sa première signature à l’adresse des autres fait partie intégrante de ces facteurs insignes. En situation de classe, l’enseignant exhibe en effet, de manière concomitante, ses connaissances et son corps. « La présence du regard occupe centralement cet espace scénique. On sait combien le théâtre occidental, abondamment utilisé par les Jésuites comme technique éducative, est fondé sur la primauté du visuel, d’un donné à voir dans une structure de face-à-face ? 33 » Être enseignant aujourd’hui suppose donc la mise en oeuvre d’un certain nombre de dispositions personnelles, corporelles notamment, et d’empathies idiosyncrasiques, celles dont on a besoin dans toutes les relations sociales un peu imprévues, comme la capacité à entrer en relation avec des personnes non familières 34. L’enseignant ne peut en effet rien connaître des élèves s’il n’est pas a minima partie prenante dans la relation pédagogique, autrement dit, s’il ne se sent pas concerné par les élèves qu’il a en face de lui 35. Par ailleurs, comprendre l’univers des élèves exige que l’on s’y plonge, qu’on vive la classe de l’intérieur. L’appréhension indigène est, par conséquent, une modalité indispensable pour prétendre à une connaissance du monde des élèves. De ce point de vue, adopter une posture empathique aide à l’évidence à faire classe. Si l’empathie (émotionnelle) est effectivement cette disposition à reconnaître les autres dans leurs différences, alors elle doit résolument faire partie de la déontologie de l’enseignant. Celui-ci est amené à en faire régulièrement preuve envers ses élèves qui, à ses yeux, peuvent prendre la figure de l’étrange(r) 36 tant leurs ethos (d’adolescents notamment) lui sont éloignés. Confronté à cette « inquiétante étrangeté 37 », il fait montre, au quotidien, d’une «discipline inductive 38 » pour bien reconnaître ses élèves. Confronté donc « au peuple des élèves », l’enseignant doit alors savoir se transformer en ethnographe. Pour ce faire, il apprend à communiquer avec cette « tribu » dont il ne connaît, a priori, ni les codes ni les valeurs. Pour avancer dans sa mission d’enseignant, il apprend à se mettre à l’écoute, au sens étymologique « d’accueillir favorablement ce que dit quelqu’un». Une écoute qui se fait toujours, nous l’avons vu, en deux temps, d’abord par empathie cognitive, en amont du cours proprement dit, puis par empathie émotionnelle – et cognitive–, une fois en situation de face-à-face, c’est-à-dire quand l’émotion devient une composante de la transmission. 30 La domination « légale-rationnelle »/« légalebureaucratique » s’appuie sur le pouvoir du droit formel et impersonnel. Elle est liée à la fonction et non à la personne. Le pouvoir dans les organisations modernes se justifie par la compétence, la rationalité des choix et non par des vertus. Cf. M. Weber, Économie et société, Paris, Plon, 1971. 31 F. Durpaire et B. Mabilon-Bonfils, La Fin de l’école. L’ère du savoir-relation, Paris, PUF, 2014. 32 M. Weber, op. cit. 33 C. Pujade-Renaud (1983), Le Corps de l’enseignant dans la classe, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 77. 34 O. Zanna, « Un sociologue en prison », Nouvelle Revue de psychosociologie, n° 9, 2010, p. 149-162. 35 R. Barbier, L’Approche transversale, Paris, Anthropos, 1997. 36 G. Simmel (1908), « Digression sur l’étranger », in Y. Grafmeyer et I. Joseph, L’École de Chicago, naissance de l’écologie urbaine, Paris, Éditions du Champ urbain, 1979, p. 53-77. 37 S. Freud (1919), L’Inquiétante Étrangeté et autres essais, Paris, Gallimard, 2003. 38 Il faut entendre par « discipline inductive » la capacité à développer la disposition à l’empathie. Cf. M. Hoffman, Empathie et développement moral. Les émotions morales et la justice, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2008daniel éditeur, 2012. PRENDRE EN COMPTE L’ÉMOI DES ÉLÈVES « Mais pourquoi parler des émotions et d’empathie dans un lieu où certains élèves sont seulement là pour travailler et d’autres pour perdre leur temps ? » (propos d’un enseignant de collège). Tout simplement parce que, au cours d’une journée de classe, les élèves peuvent éprouver de nombreuses peurs : peur de ne pas donner la bonne réponse, d’échouer à un contrôle, peur de ne pas comprendre les propos de l’enseignant sans pouvoir le camoufler, peur de perdre confiance en situation d’interrogation (par exemple), peur de ne pas être à la hauteur des attentes des enseignants, des autres élèves de la classe, de ses propres attentes, de celles des parents… Mais c’est également la crainte de mettre en scène un corps – lors d’un passage au tableau, par exemple – dont les limites et l’épaisseur échappent encore, la peur d’être harcelé, racketté… Bref, parce que l’école soumet, durant un temps long (plus de six heures par jour), dans un espace limité (la classe, la cour de récréation, le gymnase…) de nombreux individus en devenir ; la présence obligatoire n’y est pas toujours vécue par ses indigènes comme un sanctuaire émotionnellement serein. N’ayant pas (encore) appris à contenir, à apprivoiser, à gérer ses émotions, les élèves peuvent, en situation de peur, perdre tous leurs repères et devenir passagèrement étrangers à eux-mêmes. Dans cet état transitoire, ils ne sont plus alors à même de penser tout à fait normalement, ils ne sont pas en capacité de raisonner. Or, quand les forces qui soutiennent l’être « cessent de se bloquer les unes les autres et s’unissent pour se décharger ensemble 39 », le débordement émotionnel surgit sans crier gare. Dans l’hypothèse où l’on tient cette assertion pour vraie, on comprend mieux alors pourquoi les collèges peuvent parfois être le siège de tensions, d’incompréhensions, voire de violences… Mais ce bouillonnement d’émotions a aussi de nombreux effets positifs. L’école est également un lieu où l’enfant éprouve de la joie d’avoir réussi, d’être félicité ou tout simplement d’apprendre ou bien encore de passer du bon temps avec ses pairs en classe ou dans la cour de récréation. Si l’école bouillonne d’émotions, force est pourtant de constater que le législateur n’en fait pas grand cas. La considération de ce qui gît dans le corps des élèves et, à plus forte raison, sa prise en compte dans l’éducation ne font en effet que peu ou prou l’objet d’une réelle réflexion didactique. Pour l’institution, tout se passe comme si cette dimension – à la base de la relation à autrui – ne relevait pas de son périmètre de compétences. Les programmes tout comme la formation initiale des enseignants révèlent une forte prépondérance de l’enseignement des connaissances et très peu de temps alloué à la promotion de l’apprentissage émotionnel, sensoriel et social, qui constitue pourtant l’autre grande mission de l’éducation. Seules deux compétences (les 6 et 7) 40 sur les sept du « Socle commun de connaissances, de compétences et de culture 41 » y font référence et de manière très allusive. Tout se passe comme si l’émotion – à la base de la relation à autrui – ne relevait pas de son périmètre de compétence. 39 J.-F. Billeter, Un paradigme, Paris, Allia, 2014, p. 70. 40 Compétence 6 : « Les compétences sociales et civiques ». Compétence 7 : « L’autonomie et l’initiative ». 41 En ligne : www.education.gouv.fr. DE RETOUR DANS LA CLASSE Tout comme des ethnographes donc, si les enseignants souhaitent entrer en contact avec les indigènes de l’école, ils doivent dans un premier temps corriger leur regard, mettre en veilleuse leurs propres perceptions du monde qui sont rarement celles des élèves. Le «regard éloigné 42 », comme occasion d’un « détour 43 » nécessaire à la compréhension de ce qui est étranger (au sens de « qui n’est pas connu, pas familier ») s’impose, par conséquent, à l’enseignant comme une évidence éthique. C’est donc en dessillant les yeux, en changeant de point de vue que l’ethnographe-enseignant peut, fort de son écoute, considérer différemment le sens de son intervention. Pour créer les conditions de la relation, l’enseignant doit apprendre à faire preuve d’empathie, c’est-à-dire à se décentrer de lui-même pour se connecter – se mettre en Bluetooth pourraiton dire ! – sur la perception de ses élèves ; c’est alors que l’acte éducatif – au double sens d’élever, instruire, prendre soin (educare) et de tirer à soi, conduire mener (educere) – prend tout son sens. Finalement, un enseignant soucieux de créer des conditions favorables aux apprentissages se doit de développer une écoute empathique, se mettre en Wi-Fi avec ses élèves et leur prêter une attention bénévole (au sens étymologique de « bienveillante »). Tenir compte de leurs caractéristiques, faire preuve d’empathie c’est, par exemple, savoir aménager les temps de mise en scène de soi et des élèves face aux autres élèves. Tous les enseignants savent en effet combien la mise en scène de soi sous le regard parfois inquisiteur de la classe peut prendre la forme d’un maelström émotionnel tant la situation est redoutée par bon nombre des élèves et en particulier ceux dont les assises narcissiques sont les moins assurées. 42 C. Lévi-Strauss, Le Regard éloigné, Paris, Plon, 1983. 43 G. Bamandier, Le Détour, Paris, Fayard, 1985. L’ÉCOUTE EMPATHIQUE AU SERVICE DE L’ÉDUCATION Je ne reviendrai pas ici sur la distinction entre empathie cognitive et empathie émotionnelle si ce n’est pour rappeler que c’est la seconde dimension qui est susceptible d’interpeller l’éthique de l’enseignant. L’empathie émotionnelle, c’est celle qui passe par l’échoïsation 44 corporelle, c’est celle qui nous affecte – presque automatiquement – à la vue d’une personne heureuse ou malheureuse ; c’est cette fenêtre presque toujours ouverte sur le reflet que nous percevons des mondes intérieurs des autres au travers de ce qu’évoque la manière dont ils donnent vie à leur corps. Dans ce cas, faire preuve d’empathie, c’est donc être sensible à l’état émotionnel d’autrui, au langage de son corps car nous réagissons plus rapidement encore aux postures corporelles qu’aux expressions faciales 45. Au sujet de cette dialectique corps et langage, Frans de Waal propose une hypothèse heuristique appelée la théorie du « corps d’abord ». Cette hypothèse « tient que tout débute avec le corps. Les émotions suivent. Le langage corporel d’une autre personne affecte notre propre corps, qui crée alors un écho émotionnel en vertu duquel nous réagissons. Comme le chantait Louis Armstrong : “Quand tu souris, le monde entier sourit avec toi.” Si copier le sourire d’un autre nous rend heureux, l’émotion de celui qui sourit s’est transmise à travers notre corps 46… ». On comprend mieux alors le chambardement émotionnel que l’élève endure lorsqu’il se retrouve debout au tableau – notamment quand il ne maîtrise pas totalement sa leçon, face à plus d’une vingtaine de paires d’yeux qui le déshabillent littéralement. Qui n’a, en effet, jamais vécu cette situation de se sentir incapable d’articuler deux mots, sentir son corps entier battre la chamade au seul motif de se retrouver là, devant les autres avec un enseignant qui – croyant bien faire – tente de vous tirer les vers du nez, en vain ! Les enseignants prennent-ils toujours la mesure de ce qu’ils font lorsqu’ils envoient un élève au tableau ? Et finalement, lors de cette mise sur le devant de la scène, chère à l’école de la République, l’enseignant évaluet- il des connaissances ou bien la capacité à les restituer en situation de charge émotionnelle ? Certes, ce sont les élèves qui savent le moins leur leçon qui vivent de manière la plus inconfortable ce temps d’exposition (au sens étymologique de « mettre à la vue de, mettre à la merci de ») de soi, mais ils ne sont pas les seuls. Les expériences des élèves enseignent que le fait de connaître son cours ne suffirait pas pour le restituer convenablement face aux autres. Certes, cela aide, mais faut-il encore se sentir bien dans ce corps dont les frontières échappent parfois et dont les réactions initiées par la vue des regards d’autrui posés sur soi sont susceptibles de provoquer un stress, dont on sait qu’il est préjudiciable aux apprentissages, surtout pour les plus fragiles 47. En réalité, et il faut le dire, apprendre son cours, ne fait pas appel aux mêmes ressources que celles sollicitées en situation de mise en scène de soi. Les enseignants tiennent-ils toujours compte de cette différence ? Sensibilisés à l’intérêt de considérer la place des émotions au sein de la classe, les enseignants rencontrés lors des formations se sont engagés dans une réflexion pour concevoir des situations prenant en compte cette dimension centrale dans le rapport pédagogique. L’exemple suivant propose de tracer les premiers linéaments et de poser quelques jalons d’une réflexion-action sur la manière de créer les conditions de cette relation empathique et éthique. Finalement, dès lors qu’il entre dans sa classe et plus largement dans l’école, c’est-à-dire dès qu’il est amené à incarner son rôle, l’enseignant est, par déontologie, en situation de faire preuve d’empathie. Si l’on entend par communauté éducative « l’obligation, la responsabilité de donner à chacun tout ce qui est de l’ordre de l’humain 48 » alors la posture empathique est indissociable de la posture éthique. 44 M.-L. Brunel et J. Cosnier, op. cit. 45 B. de Gelder, « Towards the Neurobiology of Emotional Body Langage », Nature Review of Neurosciences, n° 7, 2003. 46 F. de Wall, L’Âge de l’empathie, Paris, Actes Sud, 2010, p. 126 47 J. Bauer, Pourquoi je ressens ce que tu ressens ? Paris, Guy Trédaniel éditeur, 2012. 48 B. Mattéi, « La formation aux compétences éthiques », in A. Tarpinian, L. Baranski, G. Hervé, B. Mattéi, École : changer de cap. Contribution à une éducation humanisante, Lyon, Chronique sociale, 2007, p. 138.

  • Comment allez à la rencontre de Soi

    Chacun se promène avec son histoire Elle est rarement simple, pour certains même, elle catastrophique. Vous pouvez être résigné, fataliste mais vous pouvez aussi oser ou avoir le courage de vouloir, changer les choses, devenir le héros de sa propre histoire et donner un Sens à sa vie. Pour ce voyage dans vos temps, passé, présent et futur, nous vous proposons de vous accompagner, vous aider à devenir ce que vous voulez être. Pour cela nous avons les outils, si vous avez le courage et la persévérance, de les utiliser jour après jour, de les remettre en question de vous remettre en question, pourquoi pas marcher côte à côte, cela peut être un beau voyage. Donner du Sens à ce que l’on fait La première étape est de prendre conscience de ce que je suis. Quelles sont mes qualités et quels sont mes défauts. Pourquoi les gens m’apprécient ou pourquoi ils ne m’apprécient pas. Devant un obstacle comment je réagis et pourquoi je réagis comme cela… est-ce normal que je réagisse comme cela ? Est-ce normal, que j’évite certaines situations ou que dans d’autres circonstances, je suis agressif ? Si vous osez, nous le faisons ensemble. La deuxième étape est d’accepter de se voir tel que l’on est. Nous ne pouvons pas changer quelque dont on a pas conscience. L’acceptation ne se fait pas aussi facilement car elle change ce que vous pensez être, et vous évite parfois de se remettre en question. La troisième étape est un training, un entrainement pour changer ces mauvaises habitudes qui nous pourrissent la vie. Jour après jour, étapes après étapes. Nous allons vous entrainer au quotidien. Les entretiens que vous avez avec quelqu’un pour l’aider. Suis-je de bons conseils ? Les entretiens pour argumenter. Les gens le font parce que j’ai le pouvoir, parent, supérieur hiérarchique ou ils le font, parce qu’ils en ont envie !

  • Traitez votre client comme vous aimeriez que l'on vous traite.

    La base d'une realation client/fournisseurest l'HUMAIN, humains dont les décisions sont basées à la fois sur des éléments factuels et des émotions. Une approche relationnelle qui se situe au niveau du marketing, de la vente, du cycle de production et du SAV.

  • La Connaissance de Soi en 3 voyages

    Le premier voyage se fait au coeur de vous même. Être conscient de soi grâce à une meilleure compréhension de votre personnalité et de vos émotions. Avoir confiance en vous, c’est avoir confiance en votre talent et y croire, c’est oser affronter ses doutes et ses peurs. Acquérir la maîtrise de soi en sachant prendre du recul sur soi-même, en s'entraînant pour devenir une personne juste et authentique. Le deuxième voyage se fait avec l’autre. Ceux qui savent communiquer savent coopérer, mettre de l’huile dans les rouages pour améliorer les performances L’empathie, Daniel Goleman décrit l’empathie comme notre radar social, cette capacité à déchiffrer les sentiments de l’autre, à nous mettre à la place de l’autre. L’assertivité, c’est savoir dire les choses et les dire bien ou si vous préférez, c’est respecter l’autre et se respecter. Le troisième voyage se fait pour l’autre. Le leadership, pourquoi une personne va vous suivre ? La relation d’aide, c’est protéger contre la peur, rassurer et apprendre à grandir. L’accompagnement au changement, parce que tout change tout le temps, il est important pour un responsable d’entreprise ou un parent d’aider les gens à voir plus grand, à être plus grand et les amener à transmettre leurs richesses.

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