🕊️ Comprendre la perte et l'accompagnement du deuil selon Elisabeth Kübler-Ross : un voyage humain, psychologique et spirituel
- Jean Jacques
- il y a 3 jours
- 9 min de lecture

La perte – qu’il s’agisse du décès d’un proche, d’une séparation, d’une maladie, d’une perte de travail, d’un changement brutal de vie – est l’une des expériences les plus universelles et pourtant les plus déroutantes.
Elle bouleverse notre rapport au temps, à nous-mêmes, aux autres et au sens même de notre existence.
Parmi les voix qui ont le plus profondément éclairé cette traversée, Elisabeth Kübler-Ross reste une référence incontournable.
Médecin psychiatre, pionnière des soins palliatifs, elle a consacré sa vie à accompagner les personnes en fin de vie et les familles endeuillées. Sa compréhension du deuil ne se limite pas à une analyse psychologique : elle embrasse la dimension émotionnelle, existentielle, relationnelle… et même spirituelle de la perte.
🌿 I. Les bases du modèle Kübler-Ross : ce qu’il est… et ce qu’il n’est pas !
Elisabeth Kübler-Ross a identifié cinq réactions émotionnelles fréquentes face à une perte majeure. Il ne s’agit pas d’étapes linéaires mais de mouvements, de vagues, de retours en arrière et d’oscillations
Chaque personne vit ces états de manière unique.
Les cinq réactions courantes sont :
Le déni
La colère
Le marchandage
La dépression
L’acceptation
Son intention n’a jamais été de créer un modèle rigide, mais de mettre des mots sur un chaos intérieur, de normaliser la douleur et d’aider les humains à comprendre qu’ils ne sont pas “fous” lorsqu’ils vivent des émotions contradictoires.
🌫️ II. Le déni : le premier refuge de l’âme
Le déni n’est pas un mensonge que l’on se raconte : c’est une protection temporaire.
Kübler-Ross disait que le déni “amortit le choc”, comme un airbag psychologique.
Face à l’impensable, l’esprit réduit la réalité pour la rendre supportable. On avance en mode automatique. On survit. On respire. C’est déjà beaucoup.
Ce stade nous permet de gagner du temps intérieur, afin que nos émotions ne nous submergent pas d’un seul coup.
🔥 III. La colère : l’énergie de la survie
La colère est souvent mal perçue. Pourtant, pour Kübler-Ross, elle est “un signe que le cœur se remet à battre”.
Elle peut se tourner :
contre soi-même
contre les autres
contre le destin
contre Dieu, la vie ou le monde
contre l’injustice de la perte
La colère réveille. Elle réintroduit l’énergie. Elle est une protestation sacrée contre la rupture du lien, contre la cassure du connu.
“Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Qui est responsable ?” Ces questions sont souvent la première tentative pour redonner un sens au chaos.
🤲 IV. Le marchandage : la négociation avec l’inévitable
Ce stade n’est pas une négociation réelle, mais une conversation intérieure avec ce qui est perdu.
On revisite le passé :“Si seulement j’avais…” “Et si j’avais dit…” “Et si j’étais arrivé plus tôt…” “Et si je faisais quelque chose maintenant… peut-être que…”
Ce mouvement mental est une tentative de reprendre un contrôle symbolique là où il n’y en a plus. Il permet d’apprivoiser petit à petit la réalité, en la touchant par petites touches.
🌧️ V. La dépression : la profondeur après la tempête
Contrairement à ce qu’on croit, ce stade n’est pas pathologique en soi.
Pour Kübler-Ross, il représente le moment où le cœur comprend vraiment la perte.
Ce n’est plus la défense. Ce n’est plus la lutte. C’est le contact.
Cette tristesse est souvent une descente nécessaire vers la vérité du manque.On se retire. On pleure. On relâche ce qu’on retenait depuis le début.
Ce n’est pas une chute. C’est une intégration.
La dépression du deuil est la preuve que l’amour a existé. Et que cet amour, sous une autre forme, cherche à renaître.
🌄 VI. L’acceptation : la paix, et non l’oubli
L’acceptation n’est pas :
l’idée que “c’était mieux comme ça”,
ni un effacement de la douleur,
ni un retour à l’ancien soi.
C’est plutôt :
un relâchement intérieur,
une respiration nouvelle,
une ouverture vers un futur possible, même s’il est différent.
C’est comprendre que la perte fait désormais partie de l’histoire,mais qu’elle ne sera plus le centre de la souffrance.
L’acceptation est un acquiescement profond à la réalité, pas une résignation.
🌌 VII. La dimension spirituelle selon Kübler-Ross
Elisabeth Kübler-Ross voyait la vie humaine comme un processus global, où la dimension spirituelle n’est jamais séparée de la dimension psychologique.
Pour elle :
La perte est un passage, non une fin.
Le lien avec un être aimé ne disparaît pas : il se transforme.
Ce que nous perdons extérieurement peut devenir une force intérieure.
Le deuil est une initiation, une traversée qui ouvre une conscience élargie.
Elle voyait dans la souffrance un mouvement profond : celui de la croissance de l’âme.
Elle disait souvent :“Les plus grandes leçons de la vie viennent des pertes, de la douleur, du changement.”
🌱 VIII. Ce que le modèle nous enseigne aujourd’hui

Les recherches contemporaines ont confirmé que :
Le deuil n’est pas une ligne droite.
Les émotions reviennent par vagues.
Plusieurs “états” cohabitent en même temps.
Il n’y a aucune bonne manière de vivre une perte.
L’amour continue sous d’autres formes : souvenirs, valeurs, transformation.
Se relever est un processus lent, mais naturel.
En regardant chaque état nous percevons différents La force du modèle Kübler-Ross est d’offrir un cadre de compréhension, sans jamais enfermer.
🧘♂️ IX. Pourquoi ce modèle nous touche toujours autant
Parce qu’il ne parle pas seulement de la mort. Il parle de toutes les formes de changement radical, de toutes les ruptures.
Une séparation amoureuse
Une perte d’emploi
Une maladie
Un déménagement forcé
Une amitié qui se défait
Une identité qui se transforme
Une vie qui change de direction
Partout où il y a perte, il y a deuil. Et partout où il y a deuil, les “mouvements Kübler-Ross” sont possibles.
Ils sont devenus universels parce qu’ils reflètent le chemin de l’humain qui évolue.
✨ X. La perte comme transformation profonde
Le legs de Kübler-Ross n’est pas simplement un modèle de deuil. C’est une vision de l’être humain.
Elle nous rappelle que :
La perte n’est pas une fin, mais un passage.
La souffrance n’est pas une punition, mais un signal.
L’amour ne disparaît pas : il change de forme.
Le cœur humain sait se réparer, même lorsqu’il croit le contraire.
Ce que nous perdons peut devenir une force intérieure.
La perte est peut-être l’une des expériences les plus douloureuses, mais aussi l’une des plus transformantes, des plus humanisantes, des plus spirituellement révélatrices.
Il existe des moments dans la vie où tout bascule.Pas forcément après un drame spectaculaire, parfois juste après un mot, un mail, un geste, un silence.Et tout à coup, ce que nous pensions stable, solide, acquis… se fissure.
La perte ne prend pas une seule forme.Elle est professionnelle, émotionnelle, existentielle.Souvent, elle est tout cela à la fois.
Je vous propose quelques expériences pour comprendre comment ces pertes s’entremêlent, à travers des récits profondément humains.
🕊️La pensée d'Elisabeth Kübler-Ross
Selon Elisabeth Kübler-Ross, guérir du deuil ne consiste jamais à oublier. Guérir, c’est avancer avec. Avec ce qu’on a perdu, avec ce qu’on a appris, avec ce que l’expérience a transformé en nous.
Le deuil est un chemin.
Parfois chaotique, parfois silencieux.Mais toujours profondément humain.
Et au bout du chemin, il n’y a pas seulement l’acceptation :Il y a un soi renouvelé, plus large, plus conscient, plus vivant.
🌌 I. Comment les trois pertes se croisent, s’influencent et s’amplifient !
🔵 1. Perte d’emploi : “Le jour où Marc a perdu bien plus qu’un poste”
Marc n’avait jamais imaginé que cela lui arriverait. Il travaillait dans la même entreprise depuis dix-sept ans. Il connaissait chaque couloir, chaque visage, chaque rituel du matin.Quand il a reçu cet appel l’informant qu’il “ne faisait plus partie du plan”, il n’a d’abord rien compris.
Il est rentré chez lui, s’est assis dans sa voiture…et il a mis près d’une heure avant de tourner la clé et démarrer.
Ce n’était pas seulement la peur de ne plus payer ses factures. C’était le vertige de ne plus savoir qui il était. Le “Bonjour chef !”, les réunions, la carte professionnelle, les dossiers, les collègues…Tout disparaissait d’un coup, comme si sa vie s'effaçait d’un tableau noir.
Pendant des semaines, il a eu honte. Il ne répondait plus aux messages. Il évitait les regards, même ceux de sa femme.
Ce n’est que bien plus tard qu’il comprit que ce qu’il vivait, ce n’était pas un simple revers professionnel : c’était un deuil. Le deuil d’un rôle, d’une structure, d’une identité.
Et ce n’est qu’en acceptant de nommer cette perte qu’il a commencé à renaître.
Voir l'excellent film de Gérard Jugnot : Une époque formidable en 1991, relate cette situation.
🟠 2. Perte émotionnelle : “Quand Clara a dû apprendre à respirer autrement”
Clara et Julien avaient construit cinq années de vie ensemble.Ils avaient leurs restaurants préférés, leurs habitudes, leurs petites disputes,leur appartement rempli de souvenirs accrochés au mur.
Quand Julien lui a annoncé qu’il ne se voyait plus dans cette relation,Clara a senti son corps se vider d’un seul coup.Elle a cru qu’elle allait s’effondrer devant lui —pas à cause de la rupture elle-même,mais parce qu’une partie de son monde s’effritait.
Les jours suivants, elle a continué à mettre deux tasses à café sur la table,sans s’en rendre compte.Elle vérifiait encore la batterie du téléphone,comme si quelqu’un aurait dû appeler.
Ce n’était pas seulement Julien qu’elle perdait.C’était :
son projet de vie,
l’avenir qu’elle imaginait,
son rôle de “compagne”,
et une part d’elle-même qu’elle lui avait confiée.
Le silence dans l’appartement était devenu un gouffre. Un deuil, encore. Un deuil invisible. Le deuil de ce qu’elle avait aimé, espéré, rêvé.
Et un jour, elle a compris qu’il lui faudrait réapprendreà respirer seule. À se retrouver. À laisser partir ce qui ne revenait plus. A accepter cette situation.
🟣 3. Perte existentielle : “Le jour où Hélène n’a plus reconnu sa propre vie”
Hélène avait tout pour être heureuse —du moins, c’est ce que tout le monde disait.
Un bon travail, une maison lumineuse, une famille soudée. Mais chaque matin, lorsqu’elle se réveillait, elle sentait une lourdeur dans sa poitrine.
Elle accomplissait tout mécaniquement, comme si sa vie s’était réduite à une série d’actions sans sens. Un jour, en regardant son reflet dans une vitre du métro, elle s’est surprise à penser : “Je ne sais plus qui je suis. Je ne sais plus où je vais.”
Rien n’avait été perdu matériellement. Mais elle s’était perdue elle-même.
Ce vide intérieur, cette absence de sens, c’était aussi un deuil : le deuil d’une version d’elle-même qui avait existé, celle qui croyait, qui espérait, qui vibrait.
La perte existentielle ne fait pas de bruit. Mais elle bouleverse tout. Elle appelle à renaître de l’intérieur.
🌌 II. Article : Comment les trois pertes se croisent, s’influencent et s’amplifient
Les pertes dans la vie ne restent jamais cloisonnées. Elles se mélangent, se répondent, se nourrissent parfois les unes des autres.
La perte d’emploi, la perte émotionnelle et la perte existentielle sont trois formes différentes de rupture…mais elles activent souvent les mêmes mécanismes intérieurs : la remise en question, le doute, la peur du vide, et la transformation.
🔄 1. Une perte en cache souvent une autre
Perdre un emploi peut faire naître une perte existentielle : “Si je ne travaille plus, qui suis-je ?” “Ma vie a-t-elle un sens sans ce rôle ?”
De même, une rupture amoureuse peut amener une perte identitaire et professionnelle : difficulté à se concentrer, baisse de motivation au travail, parfois même démission ou burnout.
La perte existentielle, elle, peut déstabiliser toutes les autres sphères : “Je ne me reconnais plus.” Et soudain, tout semble vaciller : la relation, le travail, les choix de vie.
Les pertes ne s’additionnent pas. Elles résonnent.
🌪️ 2. La perte ébranle les repères, quel que soit son domaine
Chaque perte provoque une forme de déracinement :
La perte d’emploi déracine la sécurité et l’identité sociale.
La perte émotionnelle déracine les liens et l’intimité.
La perte existentielle déracine le sens, la direction, la cohérence de la vie.
Ces déracinements réveillent les mêmes émotions : choc, colère, tristesse, vide, reconstruction.
C’est pourquoi les outils issus du modèle Kübler-Ross s’appliquent si bien aux trois.
🧩 3. Les trois pertes activent les mêmes questions profondes
Qui suis-je sans ce travail ?
Qui suis-je sans cette relation ?
Qui suis-je sans ce sens que j’avais ?
Ces trois questions se ressemblent. Elles révèlent le fil rouge : la perte pousse l’être humain à se redéfinir.
Peu importe la forme de la perte, elle force un réalignement intérieur, un re-questionnement du “moi”.
🌱 4. Quand les pertes s’alignent, la transformation devient inévitable
Certaines personnes traversent plusieurs pertes à la fois : un licenciement, une rupture, une crise de sens. Ce n’est pas un hasard.
La vie utilise parfois l’effondrement comme un mécanisme de réorientation profonde. L’extérieur s’écroule pour que l’intérieur se reconstruise. Et ce mouvement, aussi brutal soit-il, ouvre souvent un espace de renaissance :
une reconversion,
une nouvelle relation plus saine,
une vie plus alignée,
une spiritualité plus ancrée,
un soi plus vrai.
🔥 5. Au cœur des trois pertes, il y a le même message : la transformation
Elisabeth Kübler-Ross l’a souvent dit : la perte n’est pas une punition. C’est une transition.
Qu’elle soit professionnelle, émotionnelle ou existentielle, la perte vient défaire l’ancien pour permettre l’émergence du nouveau.
Elle nous invite à :
redescendre en nous-mêmes,
écouter ce qui veut naître,
laisser partir ce qui n’a plus lieu d’être,
réinventer notre histoire.
La douleur n’est que le signe qu’un passage s’ouvre.
✨ les trois pertes, trois portes, un accompagnement du deuil vers la même renaissance
La perte d’emploi, la perte émotionnelle et la perte existentiellene sont pas des événements isolés. Ce sont trois portes vers un seul mouvement : l’évolution intérieure.
Elles secouent, blessent, désorientent —mais elles réveillent aussi : la conscience, la liberté, le courage, l’authenticité, elles peuvent être résolues plus vite et de façon plus durable avec un accompagnement du deuil.
Chaque perte est une invitation. Une traversée. Et parfois, un appel.