Est-ce inné ? Comment acquérir de l'empathie ?
Le fondement de l'empathie est l'attention que l'on porte à autrui et de la capacité à nouer des relations sociales.
L'empathie est le deuxième pilier de l'intelligence émotionnelle (le premier est la conscience de soi).
Souvent nous entendons comme définition de l'empathie :"Se mettre à la place de l'autre, tout en restant à la sienne".
Cela supposerait que l'on puisse se mettre à la place de l'autre... pas évident : "un ami vient de perdre un être cher, et si je lui dis : je comprends je me mets à ta place !" - Comment peut on se mettre à la lace de l'autre ? Ne suis-je pas un peu prétentieux ou ne suis-je pas conscient de la portée de la signification du mot "empathie".
Une autre erreur est de penser que l'empathie est une faculté innée et que soit nous la possédons soit nous ne la possédons pas et qu'il n'y aurait pas à l'éduquer.
Nous savons aujourd'hui, avec l'évolution des neurosciences et de la psychologie, que le développement de l'empathie obéit à une loi générale du développement humain selon laquelle il existe des moments de développement pendant lesquels une faculté s'installe avec beaucoup de facilité.
Pour l'empathie il existe trois périodes clés dans sa construction
On sait qu'avant 1an, il existe chez l'enfant une période de confusion émotionnelle : l'enfant sourit quand sa mère sourit, et ne fait pas la différence entre son émotion et celle de sa mère.
La première période de la construction de l'empathie se fait de 1 à 3 ans.
Cette période construit l'empathie émotionnelle qui est la capacité à ressentir ce que l'autre ressent.
C'est le moment où l'enfant apprivoise le visage de l'autre comme repère de communication, où il comprend la signification de ses mimiques. Un enfant qui n'aurait pas exploité cette période laisseraient des traces durables comme avoir du mal à identifier les émotions sur un visage, ce qui pourrait amener à du repli voire de l'agrssivité. - Ces travaux ont été effectués par Linda Pagani, (professeure en psychoéducation à l'Université de Montréal).
La deuxième période de construction de l'empathie se fait à 4 ans et demi.
Cette période construit l'empathie cognitive qui est la capacité de comprendre le point de vue de l'autre.
C'est le moment où l'enfant va être capable de comprendre que l'autre a une représentation du monde différente de la sienne.
Expérience qui montre cette théorie : La boite de bonbons.
Vous montrez une boite de bonbons à un enfant et lui demandez ce qu'il y a dedans : il vous répond qu'il y a des bonbons.
Puis vous lui expliquez que vous allez mettre des papiers à la place des bonbons.
Vous le faites et vous lui demandez ce qu'il a dedans : il vous répond qu'il y a des papiers.
Ensuite vous lui dites que vous allez appeler sa mère, son père, ou autres et leur demander ce qu'il y a dans la boite.
Avant 4 ans et demi, l'enfant répond qu'ils vont dire qu'il y a des bouts de papier.
Après 4 ans et demi, il répond qu'il y a des bonbons, parce qu'ils ne savent pas que les bonbons ont été remplacés par des bouts de papiers.
La dernière période de construction de l'empathie se fait entre 8 et 12 ans.
Cette période construit celle de l'empathie complète ou que Daniel Goleman appelle le souci empathique qui est la capacité à sentir ce que l'autre attend de vous.
Cette période combine les deux précédentes, elle est la capacité de de se mettre émotionnellement à la place de l'autre émotionnellement, et pas seulement intellectuellement.
Le pervers (voir le post sur la manipulation) a une bonne empathie émotionnelle et une bonne empathie cognitive, mais il lui manque cette troisième composante.
Il faut savoir que cette dernière composant se développe peu naturellement, elle doit être travaillée, par exemple à l'aide d'exercices de théâtre.
Il existe une autre composante de l'empathie
Cette composante à part c'est l'empathie pour soi. Elle se présente avec la même logique que l'empathie mais elle est tournée vers soi.
Ainsi l'empathie émotionnelle est capable d'identifier les émotions des autres, mais aussi ses propres émotions.
Plus nous comprenons et acceptons nos émotions, plus nous comprenons et acceptons les émotions des autres. et inversement. Ce qui n'est pas toujours évident.
Exemple : Il est facile d'identifier sa joie ou son plaisir mais sa honte, sa colère ou son amertume, moins ! Pourtant, si l'on cache constamment sa propre honte, on ne pourra pas l'identifier chez l'autre.
Pour l'empathie cognitive, il en est de même.
Mieux, nous arrivons à mettre en relation nos émotions avec les raisons pour lesquelles nous les éprouvons, mieux nous comprendrons et accepterons celles d'autrui, et inversement.
L'empathie complète se présente aussi de la même façon.
Nous ne pouvons comprendre la diversité des points de vue que si nous acceptons d'abord la multiplicité des points de vue à l'intérieur de nous, c'est à dire, ne pas penser que les situations que nous vivons appellent un point de vue unique.
Quelles sont les limites de l'empathie ?
Il peut y avoir le défaut d'empathie mais aussi l'excès d'empathie surtout dans le milieu des proches. Martin Hoffman professeur de psychologie à l'université de New-York appelle le biais de familiarité.
Le psychologue Paul Bloom Professeur à l'Université de Yale a expérimenté cette préférence pour ceux qui nous ressemblent en organisant un spectacle pour bébés, avec une marionnette qui ouvre une boite, une qui vient l'aider et une autre qui finit par l'empêcher. Invités à prendre parti pour l'une des deux marionnettes à être entrées en scène, les bébés récompensent celle qui aide. Cela suit la morale !
L'ennui, c'est que si l'on habille d'un T-shirt jaune le bébé qui donnera son avis et la marionnette qui empêche d'ouvrir la boite... Le bébé récompense la "méchante".
Prendre fait et cause pour ceux qui nous ressemble est plus puissant que la moralité.
Or si l'empathie n'est pas le sens moral mais son précurseur. Prendre conscience que l'empathie réduit au cercle des proches enlève toute objectivité.
Le travail est la réciprocité : l'empathie complète permet d'accéder à une empathie morale que nous devrions élargir à tous ceux que nous ne connaissons pas.
L'empathie intersubjective, c'est rencontrer quelqu'un et accepter qu'il nous informe sur nous-même des choses que l'on ignore.
Bien sûr c'est le top de l'empathie qui ne peut se réaliser qu'après avoir mis en place les autres formes d'empathie.
Le psychologue Paul Bloom Professeur à l'Université de Yale
Linda Pagani, professeure en psychoéducation à l'Université de Montréal
Daniel Goleman a écrit l'intelligence émotionnelle".
A savoir pour les mamans de jeunes enfants ou aux futures mamans !😉