De l'Ignorance à la Connaissance : D'abord, acquérir un Savoir-Faire !
- Jean Jacques

- 1 sept.
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 nov.
« Connaître son ignorance est la meilleur part de la connaissance »
Nabi Djellal

Comprendre la notion de Savoir-Faire
Acquérir un savoir-faire ne se résume pas à l’accumulation de connaissances théoriques ou à la simple répétition d’un geste. C’est un processus complexe et passionnant qui implique engagement, persévérance, curiosité et réflexion.
Que l’on souhaite exceller dans un métier manuel, artistique, scientifique ou technique, la quête du savoir-faire est universelle.
Voici une exploration détaillée des étapes, méthodes et attitudes à adopter pour y parvenir.
Le savoir-faire se définit comme la capacité à mettre en œuvre de façon efficace des connaissances ou des compétences pour accomplir une tâche précise. Cette aptitude s’étend de l’application correcte de techniques éprouvées jusqu’à l’innovation dans l’action. Contrairement au savoir, qui est purement cognitif, le savoir-faire s’enracine dans la pratique, la maîtrise des outils et des méthodes, et souvent dans la créativité pour résoudre les problèmes concrets.
Pour appréhender les différents niveaux de savoir-faire, il est essentiel de prendre conscience de nos actions, même celles que nous réalisons de manière inconsciente.
Je reviendrai sur ce sujet, car cette attitude est cruciale pour progresser tant en communication qu'en développement personnel et professionnel.
La transition de l'ignorance vers la connaissance se fait par étapes. Savoir identifier ces étapes et déterminer à quel niveau vous vous situez, constitue une aide précieuse, car cela vous éclaire et vous permet de ne plus avancer dans l'incertitude.
1. Je ne sais pas que je ne sais
Cette étape c’est : l’ignorance inconsciente
Identifier le domaine et les objectifs
Avant de se lancer, il est crucial de définir clairement le domaine dans lequel on veut acquérir un savoir-faire.
Est-ce la pâtisserie, la menuiserie, la programmation, la prise de parole en public, la couture, la gestion de projet, le management, la vente … ? Cette étape implique de se fixer des objectifs réalistes et mesurables. (SMART)
Par exemple : « Je veux être capable de réaliser un entretien de réprimande », ou « Je souhaite savoir comment présenter un devis ».
Ce premier état représente une ignorance totale de notre propre ignorance. Nous ne sommes pas conscients de ce que nous ne savons pas. Cela peut être dangereux car nous avançons sans même réaliser qu'il nous manque des connaissances importantes.
Dans le domaine professionnel, dans la vente par exemple, il existe des techniques essentielles telles que le questionnement et le traitement des objections, ainsi que des comportements indispensables comme la prise de conscience et l'empathie, qui garantissent la bonne transmission du message. Il en va de même pour le management : maîtriser ces techniques et adopter ces comportements est essentiel pour gérer et motiver efficacement une équipe. Cette dynamique se retrouve également dans la sphère personnelle.
2. Je sais que je ne sais pas
Cette étape c’est : l’Ignorance consciente
Se former auprès d’experts
Ici, nous reconnaissons notre ignorance dans un domaine spécifique. Cette prise de conscience est la première étape vers l'acquisition de nouvelles connaissances. C'est un état de vulnérabilité mais aussi une grande opportunité, car il nous pousse à apprendre. Parfois cet état demande de l’humilité et l’acceptation que l’on ne sait pas.
Sur le plan professionnel, reconnaître que l'on ne sait pas quelque chose constitue le premier pas vers le développement personnel. Cette prise de conscience permet d'identifier les lacunes existantes et, par conséquent, d'agir pour les combler.
Le savoir-faire se transmet souvent de personne à personne.
L’apprentissage auprès d’expert, de formateur, de coach ou de mentors permet d’acquérir non seulement les bases techniques, mais aussi des astuces, des gestes précis, des méthodes éprouvées. Il peut s’agir de suivre un cursus scolaire ou universitaire, d’intégrer une école professionnelle, de participer à des ateliers, des stages ou des formations continues.
Aujourd’hui, de nombreuses ressources existent pour apprendre par soi-même : livres spécialisés, tutoriels en ligne, vidéos, podcasts, forums, etc. L’autodidaxie demande toutefois une forte motivation et une capacité à structurer son apprentissage, c'est souvent un complément à une expérience ou un formation en face à face.
3. Je sais que je sais
Cette étape, c’est la : Connaissance consciente
C'est l'étape la plus conséquente, la pratique régulière va conditionner l'acquisition ou pas d'un savoir-faire et de l'appropriation d'e ce savoir-faire.
Deux éléments sont nécessaire pour acqurir un automatisme
L'importance de la répétition
C’est le cœur du processus : la pratique régulière permet d’automatiser les gestes, d’améliorer la coordination, la précision et l’efficacité.
Comme le dit l’adage, « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ».
Cette répétition doit être délibérée, c’est-à-dire orientée vers l’amélioration continue, et non la simple reproduction de ses erreurs.
L'apprentissage par l'erreur
Chaque tentative est une occasion d’apprendre. L’erreur n’est pas un échec, mais un signal précieux pour ajuster sa technique, identifier ses points faibles et y remédier.
Prendre le temps d’analyser ses réussites et ses échecs accélère l’acquisition du savoir-faire.
Deux éléments pour une acquisition durable.
Attention & Conscience
Observer les personnes expérimentées, décortiquer leur façon de faire, poser des questions, participer à des groupes de pratique ou des rencontres professionnelles, tout cela nourrit la réflexion et l’inspiration.
L’analyse vidéo de ses propres gestes, très utilisée dans le sport, les métiers techniques et aussi dans des approches comportementales, comme je le fais, permet également de progresser en prenant du recul.
Visualisation
"Ce n'est pas la volonté qui est la faculté première de l'homme mais son imagination" Emile Coué
Visualiser consiste à voir ou revoir une scène. A partir de là et avec le recul, cela permet de voir ce qui a bien marché et ce qui a moins bien marché.
En formation, cette approche est utilisée notamment lorsque des scènes de mise en situation sont filmées, ou lors de l’accompagnement d’un vendeur ou d’un gestionnaire en situation réelle.
Après observation, il est demandé à la personne de visualiser la situation idéale. Ce processus aide le cerveau à accepter cette nouvelle manière d’agir. Étant donné que le cerveau ne fait pas de distinction entre une image réelle et une image imaginée, il intégrera progressivement cette approche, qui deviendra instinctive avec le temps.
Je rencontre fréquemment cet état dans un contexte professionnel. Prenons, par exemple, l'entretien de réprimande. Celui-ci doit être bien structuré et délivré de manière fluide pour en assurer la crédibilité lors de sa mise en pratique.
C'est pourquoi, lors de nos formations, et surtout au cours de nos séances de coaching, nous mettons en place des exercices de « training » pour amorcer ce processus d'appropriation afin de garantir une acquisition durable des compétences.
4. Je ne sais pas que je sais
Cette étape, c’est la : Connaissance inconsciente
Créativité et transmission
Le dernier état est celui dans lequel notre savoir est devenu si intégré et naturel que nous l'utilisons sans y penser consciemment. C'est souvent le fruit de la pratique et de l'expérience, grâce auxquels certaines compétences deviennent automatiques.
Au fil du temps, le savoir-faire ne se limite plus à l’imitation.
Il s’agit alors d’adapter les techniques à son propre style, d’innover, de créer de nouvelles solutions en fonction des situations.
C’est ce qui distingue la compétence routinière de la véritable expertise.
Transmettre ce que l’on a appris permet d’approfondir encore son propre savoir-faire. Expliquer, montrer, enseigner à autrui oblige à clarifier sa pensée, à structurer ses connaissances et souvent à réfléchir à de nouveaux aspects du geste ou de la méthode.
Sur les plans professionnel et personnel et dans le cadre du développement personnel, cette étape de la conscience inconsciente est propice à l'évolution.
Les conditions pour développer son savoir-faire
Appliquer les quatre étapes de la connaissance présente plusieurs intérêts :
Auto-évaluation : Comprendre où l'on se situe dans le processus d'apprentissage aide à identifier les domaines nécessitant une amélioration. Cela permet de définir des objectifs clairs et d'évaluer ses progrès.
Pour cela un travail sur l'attention est nécessaire, En fait il s'agit de prendre consciencxe du moment présent sans aucun jugement, c'est à dire sans avoir des pensées sur le passé ou le futur. C'est à dire sans faire intervenir ni le cerveau émotionnel ni le cerveau cérébral .
Planification de l'apprentissage : En étant conscient de ses lacunes et en les acceptant,, une personne peut mieux planifier ses stratégies d'apprentissage. Cela peut inclure la recherche de ressources, la prise de cours ou le travail avec un mentor.
Renforcement de la confiance : En progressant à travers ces étapes, une personne prend conscience de ses progrès et développe une confiance réelle et solide en ses capacités. Savoir qu'on passe d'un état d'incompétence à la compétence renforce la motivation et l'engagement.
Accepter que tout ne vienne pas tout de suite et pratiquer la politique des petits pas.
Maîtrise des compétences : En atteignant le stade de l'inconscient compétent avec du Travail, de la répétition, encore et encore, les compétences deviennent automatiques. Cela permet de se concentrer sur des tâches plus complexes et de libérer de l'énergie mentale pour d'autres activités ou pour l'apprentissage de nouvelles compétences.
Amélioration continue : Ce modèle favorise une culture d'apprentissage continu. En reconnaissant que l'apprentissage est un processus, on est davantage enclin à chercher de nouvelles connaissances et à s'améliorer constamment.
En somme, appliquer ces étapes peut grandement faciliter le développement personnel et professionnel, en rendant l'apprentissage plus structuré et efficace.
Exemples concrets de parcours d’acquisition du savoir-faire
Dans l’artisanat
Devenir ébéniste ou céramiste suppose des années d’apprentissage auprès de professionnel, une pratique quotidienne et la capacité à innover. Les apprentis commencent par des tâches simples et accèdent progressivement à des réalisations complexes, sous le regard attentif de mentor.
Dans le numérique
Pour apprendre la programmation informatique, il est conseillé de suivre des tutoriels, de participer à des projets collaboratifs open source, puis de créer ses propres applications. La veille technologique et la mise à jour permanente des compétences sont essentielles.
Dans le management et la vente
Le manager apprend par la pratique tous les jours, il affine sa communication, la gestion de ses émotions et la connaissance de soi et des autres, découvre qu'en appliquant certaines techniques et certains comportements, cela marche. A lui d'évoluer en tenant compte de l'Autre et de donner un Sens à son action.
Les pièges à éviter
· Sous-estimer la pratique : croire qu’il suffit de savoir pour être capable, alors que seule la répétition forge la compétence.
· Manquer de patience : vouloir aller trop vite, se comparer sans cesse aux expert.
· Négliger la remise en question : s’enfermer dans ses routines sans chercher à se perfectionner.
· Ignorer l’importance des bases : vouloir brûler les étapes, alors qu’une fondation solide est essentielle.
Conclusion
Acquérir un savoir-faire, c’est s’engager sur un chemin exigeant mais gratifiant. C’est accepter d’être novice, de tâtonner, de progresser lentement, mais aussi de s’émerveiller devant ses propres avancées.
La clé réside dans la pratique réfléchie, la persévérance et la capacité d’ouverture. Quel que soit le domaine, ce processus permet de gagner en confiance, en autonomie et parfois même d’inspirer les autres à leur tour.








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